Parce que le Potassium le vaut bien. [Monseigneur Taylor/Vanessa/Serge]

Huit heures du matin. La sonnerie venait de sonner. Le cours de Travaux Pratiques de Physique-Chimie de Monseigneur Taylor (il amait se faire appeler ainsi) allait commencer. Il enfila sa blouse, redressa sa moustache (para que le gustache) et entra dans la salle. C'était le silence complet. Il savait se faire respecter.

Bien bien bien, nous allons faire une fabuleuse réaction aujourd'hui. Je vous ai gentiment et soigneusement préparé un joli mélange. Vous viendez chercher à mon bureau ces petits récipients. ET NE LES OUVREZ SURTOUT PAS.

Ses élèves prirent peur et certaines petites filles fragiles sursautères. Monseigneur Taylor se reprit en toussant.

Keuf keuf, excusez-moi. Je ne voulais pas vous effrayer. Mais la sécurité avant tout, n'est-ce pas ? Bien. Maintenant, venez les chercher.

Il tourna en rond en attendant que ses élèves prennent leur récipient. Il étouffa un petit rire. "La sécurité avant tout." Ce qu'il pouvait être ironique !

Parce que le Potassium le vaut bien. [Monseigneur Taylor/Vanessa/Serge] Duuuuuudeno

Vanessa n'avait pas fini de se remaquiller que ça donna déjà. Il jura qu'il démolirait cette pute de sonnerie en terminant en hâte d'appliquer son eyeliner bleu pour la quatrième fois de la journée et accourut dans la salle de cours même s'il en avait déjà plein le cul de la chimie pour aujourd'hui. Oui, il était bien huit heures du matin, pourquoi ?

Le vieux prof moche à la voix d'eunuque donnait des instruction lorsqu'il fit son entrée et se glissa en roulant du cul jusqu'à la rangée du fond où il remarqua immédiatement que les places étaient prises par deux nana qu'il avait l'habitude de ranger dans la catégorie laiderons et même pas intéressantes. Il se planta gentiment devant elles, dégagea une mèche de cheveux de ses faux cils et leur adressa un sourire carnassier.

- Diiites vous vous êtes crues où les gros thons allez dégagez ! Elle s'exécutèrent sans discuter mais il tint tout de même à leur faciliter la tâche en envoyant valiser leurs affaires de la table. Il y jeta son sac et alla chercher les trucs au bureau histoire de faire semblant de bosser, adressa au passage un sourire coquin au prof et fit mine de retourner à sa table... mais il céda à la tentation de bousculer un autre élève au passage et qui eut donc droit à ce que son haut soit aspergé du liquide qu'il fallait surtout pas ouvrir. Mais Vanessa ça le faisait marrer.

- Ouuups haha désolée ! Faut faire attention aussi hé bouffon. Bah vu la gueule du truc c'est pas une grosse perte tu repassera à Emmaüs cet après-midi !

La porte s'ouvrit dans un bruit de tonnerre tandis que Serge, toujours aussi ponctuel, apparaissait dans la salle de Physique. Dans son élan, il glissa sur le sol dans un crissement de baskets trouées et se rattrapa de justesse grâce à l'épaule du professeur qui finissait tout juste ses explications. Comme quoi le court était intéressant seulement quand le prof commençait à parler de choses sérieuses. Le souffle court, il recala sa clope entre ses dents dans un geste loin d'être romantique et ferma la porte derrière lui. Des dizaines de regards se posant sur lui, il adressa un sourire à toute la classe, fier de son entrée fracassante.

Saisissant l'un des petits récipients qu'il ne fallait apparemment pas ouvrir, il se dirigea jusqu'au fond de la classe, là où il avait entrevu la seule place libre que comptait la salle de TP. Il posa son récipient sur la paillasse, écrasa sa clope sur cette dernière, avant de poser son sac à terre et de s'asseoir en compagnie d'une jeune blonde qui compensait son manque de poitrine par une couche impressionnante de maquillage.

Serge sortit son portable de baroudeur et commença à pianoter un énième râteau à l'une de ses nombreuses prétendantes.

- Zyva bro combien de temps dure le cours ? Demanda-t-il à son voisine, déjà las.

Un hurlement horrible retentit dans la salle de cours. La pauvre blondasse que Monseigneur Taylor ne pouvait pas suporter avait renversé tout le contenu du récipient sur une élève ! En temps normal, notre cher professeur qualifié et très compétant s'en serait totalement moqué, mais il craignait qu'on ne lui reproche d'être complètement irresponsable pour laisser une élève crâmer sans qu'il ne fasse rien.

Tss... Comme si j'avais besoin de ça. Pétronille, accompagnez la à l'infirmerie. Dîtes à madame l'infirmière qu'il s'agit d'un simple accident de TP. Si vous me désobéissez, vous savez ce que vous risquez...

Pétronille ne se fit pas prier et s'executa sur le champ. Puis, un odeur de crâmé se propagea dans la salle. Serge venait d'écraser sa clope. Monseigneur Taylor soupira. La tâche sur la paillasse sera un autre accident de TP. Ses élèves sont totalement incompétants. Vraiment.

Bon. Passons un test pour que je puisse évaluer vos compétences avant de commencer ce TP. Il est plutôt difficile, mais il est très noble.

HRP :

Vous allez donc répondre à la question suivante : est-ce que vous aimez les corps gras ? Au sens chimique du terme. Je ne parle pas des personnes obèses.

Alors que sa victime qu'il avait prise pour un mec au début tellement elle avait rien dans le soutif fut envoyée à l'infirmerie, Derek avait vite fait de retrouver sa place à laquelle l'avait rejoint un autre blond un peu plus viril qu'il ne jarta pas parce que ça avait le mérite d'être un mec à l'air pas trop dégueulasse. Il n'eut pas le temps de sortir son magazine porno gay que l'autre lui rappela à quel point le temps se faisait long dans ce cours, d'autant plus qu'il n'avait pas la moindre idée de l'horaire de fin : il n'en voyait pas l'utilité puisqu'il ne savait pas lire l'heure.

- Fffffff chépa. Cinq-six heures ? À moins qu'on fasse tout péter avant. Il saisit l'espèce de flacon plein du produit soit disant dangereux et le secoua un peu, pour voir, l'air sceptique mais rien n'explosa. Son instinct lui dit que ce cours sera vraiment mortel et qu'il avait qu'à dormir pour ne pas perdre son temps mais le moustachu posa une question qui, miraculeusement, lui parvint. Il arqua les sourcils ; ais qu'est-ce qu'il racontait celui-là ? Vanessa n'avait même pas compris la question. Il s'appuya des deux mains sur la paillasse, se releva brusquement pour tendre une main vers le plafond et hurla presque à l'adresse de monsieur Taylor :

- Hé Monsieur j'ai une question ! Il rattrapa de justesse le contenant qu'il avait manqué de faire tomber sur les affaires du blond et le lui désigna la chose dont il reversa négligemment la moitié sur la paillasse au passage. Est-ce que ça c'est un corps graaas ?

"T kom le H de awaï tu sr a ri1. JT KC !!!!!!!!!!!" Ce fut sur cette magnifique déclaration de non-amour que Serge reposa son portable tandis que le professeur posait une question pour le moins énigmatique pour son esprit au QI d'une huître. Il haussa les sourcils, se demandant si le professeur était en train de leur faire une farce, ou s'il était bien sérieux. Etant donné son air de tapette mal lunée, on ne pouvait jamais savoir.

Visiblement, son voisine trouva la question trépidante, car Ille se leva aussitôt, tendant la main en l'air comme pour décrocher les néons du plafond. Se faisant, il renversa son propre récipient ce qui eut pour effet de faire sursauter Serge qui tomba de sa chaise pour s'écraser sur le sol. L'élément, contenu dans de l'huile, coula sur la paillasse. Serge eut le réflexe de se relever avant que le liquide n'atteigne son portable.

-Cette saloperie est grasse apparemment !

Il recula, apeuré, puis se retourna en direction du mur du fond, avant d'écraser un bouton rouge. Une détonation retentit. Les douches fixées au plafond s'allumèrent.

-TOUS AUX ABRIS !

Les douches se déversèrent sur leur paillasse qui, recouverte de potassium, prit feu dans un crépitement démoniaque.

La blondasse leva la main. Et elle posa une question bien stupide. Monseigneur Taylor ne préféra pas répondre. Cette question prouvait bien qu'elle n'y connaissait rien et qu'elle était indigne du potassium. Comme de l'eau. Il fallait donc lui faire mélanger les deux maintenant. Ce qu'il attendait impatiemment de faire faire à ses élèves. Monseigneur Taylor se lécha les babines.
Puis, il n'eut pas le temps de dire ouf que l'autre blond grogna. "Cette saloperie". Le Potassium, une "saloperie" ? Bon. Celui-là aussi méritait de faire ce mélange. Puis cet abruti couru allumer l'alarme incendie et l'eau tomba du plafond. Parfait. Monseigneur Taylor n'avait besoin de rien dire. En fait, ils étaient assez intelligents ces deux-là.

Bien Serge, bien ! Tu as tout compris ! Vingt sur vingt ! Les autres, partez ! Vous n'entendez pas l'alarme sonner ? Allez ! Tous dehors !

Tous les élèves se précipitèrent dehors, sans exception.

Non, non, non ! Vous vous restez là !

Pour rien au monde il n'aurait voulu rater une réaction de potassium avec du monoxyde de dihydrigène. C'était si beau. Et mettre deux élèves au milieu rendrait cela encore plus magique.

Je vais vous apprendre à être lipophiles mes agneaux.

Rien à foutre que ce truc soit dangereux, s'il était blessé ce serait pas à lui de payer de toute façon. Ce que Vanessa n'avait pas prévu en revanche et qui la fit hurler comme une pucelle qu'on égorge, ce fut la douche qu'il se prit sur la gueule et qui éveilla en lui un réflexe de recul lui évitant, au dixième de seconde près, de se faire brûler la tronche. Il connaissait le coupable et ne se priva pas de lui faire savoir son ressenti.

- Espèce de taré !!! Psychopathe va j'vais t'niquer ta mère ! Il allait vraiment le taper. Mais pour une fois Taylor eut raison de souligner le fait qu'il était dangereux de demeurer à proximité d'une paillasse enflammée que les douches au plafond ne faisaient étrangement qu'attiser. Ils se jetèrent tous en direction de la sortie mais l'autre les retint son ex-voisin et lui. Derek allait lui crier de dégager du chemin sous peine de s'en prendre une lorsqu'il reformula une phrase avec un mot dont le sens lui échappa à moitié. Il ouvrit la bouche et la referma aussi sec, oublia le brasier à quelques mètres d'eux dans sa réflexion et son esprit s'illumina. Il reprit la parole, l'air soudain radieux.

- Oh faut qu'on se déshabille alors ? Ça tombe bien j'avais froid. Sur ce Vanessa s'avança vers le bureau du professeur pour y grimper en position assise et entreprit de retirer son haut trempé.

-AAAARRRGH MON BRUSHING SAMER !

Éclaboussé, les cheveux frisant, Serge fut l'un des premiers élèves à se ruer vers la sortie en compagnie de ses petites camarades. Lorsque le professeur le saisit par le col, se fut sa vie qui défila devant ses yeux. Une alarme incendie retentit dans tous les couloirs si bien que le Pensionnat dans sa totalité entra en ébullition. Eberlué, Serge jeta un regard à son professeur qui prenait cela à la rigolade, tout comme Vanessa qui pensait que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes

-QU'EST-CE QUE TU VEUX TOI ? TU COMPRENDS PAS QU'ON VA TOUS MOURIR SI ON RESTE LA ?

Tremblant et détrempé, il tenait de s'échapper en direction de la sortie. L'eau ne cessait de tomber ; il était étrange d'assister à une pluie à l'intérieur d'une pièce. Les flammes grandirent au fil des secondes et en étaient désormais à lécher le plafond.

-MOI JE ME CASSE ! LA LIPOPHILIE CEY POUR LES PEDES ! .

Ses élèves n'avaient visiblement pas compris sa question. Encore une fois. Mais pourquoi Monseigneur Taylor avait reçu une classe d'incapables ? Il soupira. La blonde crut que "lipophile" voulait dire qu'il fallait se déshabiller. Il la laissa faire. Elle allait vite comprendre qu'elle était ridicule.
Serge, lui, était blanc comme un cachet. Et il tremblait comme une fafiole. Monseigneur Taylor dut étouffer un petit rire.
Oh le vilain. Il voulait s'échapper. Et ô malheur à lui. Non petit, la lipophilie c'est pas pour les pédés.

« Non non non, pas si vite... » dit notre cher professeur en l'attrapant une nouvelle fois par le col.

Il se retourna en regardant ses deux élèves, ses yeux verts pétillants dans les leurs.

« Vous n'avez pas compris ma question à ce que je vois. Dommage pour vous. C'était dans la leçon à apprendre pour aujourd'hui et je l'ai expliqué quelques minutes plus tôt. On va donc employer la manière forte, vieille et efficace. Au piquet. Vous savez ce que ça signifie, n'est-ce pas ? Oui. Au piquet. Au fond de la salle. »

Vanessa fut légèrement contrarié lorsqu'on lui fit comprendre qu'il avait faux et qu'il avait exposé ses pectoraux à la vue de ces deux mecs pour rien. Alors quand son camarade s'excita et fit une nouvelle tentative de sortie, Vanessa lui gueula dessus plus fort que le prof.

- Ça fallait le faire avant baltringue, c'est déjà foutu à tous les coups j'ai une gueule horrible à cause de tes conneries ! Vu l'état de son maquillage et des ses fringues, il avait de quoi. Sans parler de ses cheveux. Il sauta du bureau quand monsieur Taylor exigea de leur part deux trucs impossibles à la suite et lui jeta un regard meurtrier.

- Eh vous savez quoi, j't'emmerde, j'ai une vie en dehors de vos cours moi. Pi au fond de la salle ça brûle, genre vous voulez nous buter ou quoi ? Si vous faites ça ma mère elle va vous mettre un procès au cul et- Il suffoqua ; à présent que la fumée grisâtre de l'incendie avait envahi la pièce, Vanessa s'était permis une tirade plus longue que ce qu'un système respiratoire humain pouvait se le permettre dans de pareilles conditions. Il se rendit à l'évidence lorsqu'il s'écroula sur l'autre blond : J'me sens pas bieeen...

Serge s'écarta légèrement, glissant sur le carrelage trempé, assez vite pour que Vanessa s'écrase sur le sol. Il lui jeta un regard étonné ; les femmes ont décidément un sens curieux de l'équilibre. L'ordre du professeur résonna dans sa tête durant une bonne trentaine de secondes avant d'être enfin enregistré par son cerveau défaillant.
Son regard jongla alors du prof au bureau, puis des flammes au prof.

-Tu déconnes, j'espère mec ?

La question demeurait rhétorique. Même s'il avait autant de capacités en sciences physiques qu'une huître périmée depuis des années, son instinct de survie lui soufflait que même si le prof semblait prendre cela à la rigolade, cette histoire n'allait pas très bien se terminer.

-Non, j'ai pas envie d'aller au coin, je suis plus en maternelle ! .

Les flammes gagnèrent la moitié de la classe, ronflant avec une joie qui ne laissait rien présager de bon...