[Event] For a Higher Cause

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C’est officiel. Ils sont là, ces infâmes malfrats que tout le monde redoutait. Pendant quelques instants, les passagers ont senti de violentes secousses, un grand vacarme, des coups de canon qui retentissent et n’en finissent plus. Malgré tous les mérites vantés de ce fabuleux navire, ils ont réussi à rejoindre le pont du bateau et ont mis une pagaille monstre que l’équipage ne parvient pas à gérer. Certains sont restés sur le pont du bateau et affrontent l’assaillant, jouant au héros, d’autres sont partis se cacher et prient pour que les pirates, qui sont en surnombre, dont quelques infiltrés parmi les passagers, ne les trouvent pas…

Vous êtes restés sur le pont du bateau : plusieurs passagers ont été blessés ou pris en otage, sous vos yeux, et vous ne pouviez pas rester là sans rien faire. Un jeune homme est sorti de la foule et a hurlé aux pirates « Nous ne nous laisserons pas faire ! » Et il a bien raison. Mais les coups de feu commencent à fuser, les pirates continuent leurs mesquineries et leurs coups bas. C’est un bordel monstrueux et vous avez du mal à vous y retrouver, mais vous faites partie de ces fous qui tiennent bon.

Les pirates sont partout, ils ont envahi le navire. Il vous sera difficile d’échapper à leur vigilance et leur surnombre risque de vous donner du fil à retordre. Bon courage !

Ordre de passage : Clarice - Tafka - Milovan

Bodobom. Bodobom.
On aurait pu danser sur le rythme donné par les battements du cœur de Clarice. Le sang battait à ses tempes, et, pour le moment impuissante, fixait des passagers tenus en otage par les membres de l'équipage pirate qui avait décidé de passer à l'abordage sur le Panchock.

On ne pouvait pas dire qu'elle faisait la fière en cet instant. Ses yeux parcouraient cette scène bordélique. En quelques minutes, la croisière supposée paradisiaque s'était transformée en champ de bataille. Des canons avaient vomis leurs boulets, les cris des passagers étaient montés crescendo, et ils étaient arrivés, cortège bruyant et armé jusqu'aux dents, imposant leur loi sur le pont, puis au reste du bateau. La messagère avait réussi à se faire une place parmi les autres passagers qui avaient décidé d'en découdre avec les pirates.
Une idée sans doute pas très raisonnable, mais il était hors de question de rester à trembler sans rien faire.

Ses yeux et son Karnevale aux aguets, l'Alzénienne cherchait désespérément un moyen de débloquer la situation. Une diversion à faire par exemple. Mais quoi ? Il n'y avait pas que deux péquenauds à duper non... Et surtout, il y avait le capitaine des pirates sur ce pont. Un capitaine qui n'avait pas l'air d'un enfant de chœur, oh que non.

La marche à suivre semblait pourtant on ne peut plus simple : si le capitaine était maitrisé, ce serait la débandade parmi ses hommes. Que faire donc ? Ça n'allait absolument pas être aussi simple que sa course poursuite avec l'autre débile de Traqueur blond dans l'Ancienne Alzen... Clarice doutait fortement de pouvoir s'amuser à piquer le capitaine avec des phrases bien senties. Elle finirait sans nul doute en petites rondelles pour les habitants de la mer en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.
L'adrénaline qui pulsait en elle la décida à avancer d'un pas. Se voulant assurée, elle se tint bien droite, lança un regard noir à la cantonade, puis fixa le capitaine et lâcha, acide.

« Relâchez ces gens. »

Pas très malin comme acte héroïque.

Tafka était resté sans voie. Non pas qu'elle eut peur ou qu'elle se trouva en déroute, non, sûrement pas. Elle observait simplement. Son regard se promenait sans cesse à droite, à gauche qui se voyait toujours récompensé du même spectacle affligeant. Un bateau en miette, et au dessus l’équipage des pirates en possession de nombreux otages. Les autres passagers... ils pouvaient bien se trouver n'importe ou en l'instant, ça lui était bien égale. Elle était juste forcée de se rendre à l'évidence : qu'elle tente n'importe quoi en l'instant, et il allait y avoir des morts, dans les deux camps. Cela ne lui convenait pas, elle ne pouvait se permettre de laisser les pirates tuer des passagers. Mais alors que faire ?
Il y avait bien une solution, risquée certes, mais cela pouvait marcher. Il fallait juste se montrer discret, se fondre dans la masse. Alentours, tout le monde se taisait, le temps semblait comme suspendu... C'était bien le seul endroit du navire ou chacun avait le déplaisir de se trouver à découvert. Ils étaient une dizaine à s'être joint à cette « mission de défense ». Trop peu pour mener une attaque réelle contre les pirates, trop peu pour prendre en main quoi que ce fut. Il n'y avait qu'une chose à faire à présent : tuer le capitaine, en espérant que cela ferait une faille dans l’équipage des pirates. Franchement...
Tafka souffla. Elle était persuadée d'avoir fait le mauvais choix en embarquant sur le navire. Enfin, sans doute avait-on plus besoin d'elle ici que dans l'école des gladiateurs, puis ses élèves devaient être bien heureux de se trouver en vacances... La guerrière serra la garde de son épée dans son poing, se prépara à avancer le pied, tenter de libérer les otages le plus rapidement possible. C'était bien la seule solution...
Une autre la prit de court, s'avança avant qu'elle eut pu faire elle-même le moindre geste. Comble de la stupidité, puis plus stupide encore, elle se contenta de demander la bouche en cœur à ce qu'on relâche les otages... Mas à quoi s'attendait-elle au juste, cette idiote ? Pensait-elle réellement que les pirates allaient acquiescer, relâcher tout le monde et s'enfuir à toute vitesse du navire ? Non mais, réellement, elle délirait. Puis elle avait rendu impossible l'avancée de Tafka en plus de ça. Une pure imbécile heureuse.

Les pirates aussi semblèrent du même avis que Tafka. Tout ensemble, ils furent pris d'un immense fou-rire, observant du coin de l’œil l’impudente qui venait de leur donner l'ordre de... quoi ? De devenir de gentils toutous, libérer les otages ? Elle pouvait rêver, elle était tordue ! Et ils continuèrent de la rabaisser avec force de rires et de sobriquets ridicules. Jusqu'à l'intervention d'un autre, assis juste derrière eux. En silence, il se leva, puis toujours sans bruit vint au devant de la foule et parla d'un air haineux. Il semblait être haut gradé parmi eux, peut-être le premier lieutenant... Toujours est-il qu'il ne se laissa pas marcher sur les pieds, fit taire tout le monde en un quart de tour.

- Silence bande d'ivrognes ! Ne vendez donc pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué ! » Il frappa au passage un malheureux qui n'avait pu s'empêcher un dernier éclat de rire... Une dague plantée au niveau des côtes, mort instantanée. Ils tomba au sol dans un grand fracas. « Cette femme me semble bien présomptueuse, vous ne pensez pas ? … Alek, va la chercher et ramène la-moi fissa. On va la prendre en exemple !

Aucun doute, c'était un haut gradé. Le chef, à cette vue, n'avait pas bronché, ou n'en avait du moins pas donné l'air... Puis il semblait avoir l'habitude de se faire obéir. Aussitôt, le dénommé Alek s'avança vers la jeune femme qui se tenait toujours au devant du groupe. Il tendit le bras vers elle en souriant, montrant au dessous des lèvres quelques crocs jaunes et sales, puis l'odeur qui s'en dégageait devait être aussi des plus terribles. Encore un pas, il allait lui agripper le poignet. Ses doigts vinrent encore vers elle, commencèrent de se serrer...
Puis tombèrent au sol avec la main toute entière que Tafka venait de sectionner. Tant pis pour la discrétion, là ils commençaient vraiment à la chauffer, tous autant qu'ils étaient. Qu'ils prennent des otages passait encore, mais qu'ils commencent à dire qu'ils allaient en tuer pour l'exemple... Cela dépassait les bornes !

- Allez au diable, tous ! » Alek se tenait à présent à genoux, répandait le sang du poignet qui venait empourprer le bois vernis. Tafka n'eut pas un regard pour lui. Elle se contenta de lever les yeux vers le commanditaire de la capture, toujours aussi sûr de lui. « Et vous, que comptez-vous faire au juste ? Vous n'êtes qu'un lâche, envoyer à votre place un de vos subalterne, puis en tuer un autre aussi simplement. Vraiment, même de la part de pirates, je m'attendait à mieux que ça ! Si vous voulez réellement tuer la demoiselle, venez un peut le faire vous même, on verra de quoi vous êtes capable ! » Toujours sous l'emprise d'une haine grandissante, Tafka se tourna cette fois vers le chef en personne « Et vous aussi, pas foutu de tenir vos gars ? » Enfin, elle se détourna de la bande des pirates pour jeter un œil sur la demoiselle qu'elle venait de protéger...

… Et se rendre compte soudainement qu'elle la connaissait. Instantanément, elle vira au blanc, puis au rouge. C'était bien certain à présent, il s'agissait de l'autre, sa « nouvelle élève » si on pouvait l'appeler ainsi. Toujours aussi téméraire apparemment, et aussi irréfléchie qu'auparavant. Rien à faire, à chaque fois qu'elle croisait le chemin de Tafka, elle lui causait des ennuis encore et toujours. Il fallait croire qu'elle le faisait vraiment exprès, cette énergumène ! Enfin, cette fois-ci elle se trouvaient dans le même camp, puis il était bon à savoir qu'elle avait à ses cotés une fille comme elle parce que... Eh bien tout simplement parce que, il fallait le reconnaître, l'autre était tout compte fait une femme très douée dans le combat.

- Décidément, tu ne cesseras jamais de me contrarier hein... Mais passons, ce n'est pas encore le moment de finir le petit duel que nous avions commencés l'autre jour. Désolée de t'avoir volé cet adversaire mais... Je ne pouvait plus me tenir. Et puis il faut dire que tu as mal joué, de demander à ce qu'on libère les otages. Je ne sais pas si tu es suicidaire, inconsciente, ou juste complètement stupide mais...

Enfin, mal joué ou pas, cette fois-ci Tafka s'était bien engagé dans l'action, encore sous l'effet de la colère. A présent il n'y avait qu'une chose à espérer, que les otages ne subissent pas les conséquences de son zèle...