BIOGRAPHIE ▬
Sphéra, un monde aussi vaste que ce que peuvent en dire les sages. Une terre aussi appropriée à l’humanité que ce qu’en pensent les nobles. Un terrain de tromperie aussi sauvage que l’imaginent les tyrans. L’existence ne peut exister que si elle est faite de choix, notamment l’un des plus grand, le choix de son chemin, son propre camp. Si les rênes sont entre les mains d’une poignée d’hommes, cela ne peut nullement refléter l’image d’une Sphéra unique et complète. L’homme est trop attaché à ses principes de distinction, de démarcation. L’ombre ne peut exister que s’il y a de la lumière.
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Le zénith dominait les contrées arides et désertiques de la périphérie ouest d’Opale. Une chaleur à en étouffait s’abattait par à-coups sur les chaumières mal isolées. Hommes et femmes se terraient au fond de qui leur servait d’habitat. Leurs visages criblés par la suffocation et le malaise. Plus personne n’osait bouger, comme si leur corps ne leur permettraient pas de perdre une goutte de sueur de plus.
Les tiraillements d’un nourrisson retentirent, et c’est en ce jour le plus chaud de l’année, le 1er juillet, que Pandore vit le jour. La famille Ludwing n’était alors qu’en voyage dans la périphérie afin d’examiner les villages alentours de la ville mère, Opale. Dommage que le mari dut tomber malade un mois avant l’expédition, car la femme enceinte n’aurait pas eut à se déplacer elle-même. Devoir, patriotisme et fierté ne faisaient qu’un dans cette famille qui n’était pourtant issue que d’une classe moyenne. Peut-être était-ce là ce qu’on appelait la « flamme des Ludwing », cette étincelle qui brillaient dans leurs yeux de nacre, semblant si lointaine et pourtant si puissante. De la fidélité et la dévotion au peuple et aux règles, la famille se vit récompensée d’une reconnaissante minime. Ils en furent comblés et redoublèrent d’efforts. Pandore, en tant que cadette, grandit entourée de ses 4 frères, surentraînés pour un jour se lancer eux-aussi dans leur devoir de soldats. L’un était frêle et innocent, l’autre rebelle, le troisième s’efforçait de ne pas gober les mouches tellement sa bouche était grand ouverte, et pour finir, l’aîné, lui, se pliait avec ardeur à la volonté du père. Le plus âgé se démarquant donc de ses autres fils, le père décida de fonder en lui tous ses espoirs. Pandore, elle, se contentait de regarder de loin, cachée derrière le coin de la maison, intimidée par le spectacle qui s’offrait à elle. Plus elle grandissait, plus elle était intriguée par l’art du combat et de l’affrontement. De duel en duel, ses muscles se raidirent de plus en plus. Elle sentait qu’elle allait exploser, elle, la fillette frêle dont personne ne se souciait vraiment.
Evinçant un jour ses démons, elle se faufila auprès de son aîné pour lui demander de l’entraîner comme son père l’aurait fait. Chaque détail incombait, chaque phrase et chaque sourcillement qu’il aurait pu poser. Qui aurait cru qu’en à peine 10 ans d’expérience, elle réussirait à mettre à terre son frère pourtant si robuste. Elle avait la clef de sa réussite, sa souplesse, qu’elle devait mêler à une dextérité et une rapidité farouche. Elle, l’adolescente d’un mètre 60 à peine, ne pouvait rivaliser en matière de force avec le reste de sa famille. C’est pourquoi elle avait cherché une alternative. Simple et efficace, elle était celle qui donnait le premier coup, et ne laissait aucune occasion de se faire attraper. Une furie bondissante.
Troublé par la victoire de sa sœur, Ramès (l’ainé) songea à narrer cette situation à son père. Ses doutes furent détruits lorsque Pandore l’étala au sol une deuxième fois d’affilée, un sourire béat aux lèvres. Sage décision ou pas, il mit son père au courant, sans s’attendre aux conséquences de son acte. Le géniteur hurla de rage et mit son fils K.O. en un mouvement. Il se dirigea avec hargne vers la chambre de Pandore. Disons que la soirée de la gamine fut plus qu’exécrable, et la punition fut sévère.
- Les femmes Ludwing ne combattent pas, elles supportent leur homme dans leurs affrontements, c’est tout !
Voici la dernière parole que l’adolescente entendit avant de plonger dans un sommeil provoqué par de multiples ecchymoses. Son réveil fut d’autant plus difficile. La gorge sèche, les yeux brulants, la peau dévorée par le soleil. Ses poignets étaient fermement attachés en arrière à un poteau. La voila prisonnière d’une place désertique, le soleil criblant son corps de désespoir. Elle se sentait impuissante et faible. Qu’en était-il de sa conviction en ses mouvements et souples. Pourquoi ne pouvait-elle-même pas bouger d’un millimètre. La douleur était tonitruante. Pandore avait l’impression d’être enfouie sous une tonne de sable, où même, de pierres brulantes. Elle avait du rester ainsi plus d’un jour, pourquoi avait-elle du se réveiller ? La voila maintenant qui entend des bruits de bas et de métal cliquetant. Un escadron de soldat passa devant elle, indifférent à sa situation. Ils s’arrêtèrent pile en face d’elle, narquois, et entamèrent leur échauffement. Quelle humiliation, se retrouver à moitié vivante, gisant au sol comme une mendiante, ne pouvant que regarder de loin ces soldats qui illuminaient la place. Leurs corps suaient la plénitude et la fierté. C’était à la fois immonde et envoutant à regarder.
Les sourcils de la gamine se froncèrent. « Regarder de loin » hein. Ces mots empestaient la puérilité. Ces traditions familiales atypiques et sans fond. Étions-nous restés au moyen-âge ? Non, si la planète s'était déchainée ainsi sur l’homme, c’était bien pour se venger des injustices qui y régnaient. Mais les hommes sont cupides et stupides, ils ne comprennent pas la leçon, et se contentent de refaire exactement les mêmes erreurs qu’auparavant. Impertinents, cruels et idiots. Ces hommes, elle les aurait bien écrasés si elle avait pu. Son corps la démangeait de plus en plus. C’était comme si la chaleur avait prit forme et l’étranglait de ses mains charnues. « Lâche-moi ! » Aurait-elle voulu crier de toutes ses forces, mais sa voix était elle aussi plongée dans ce sentiment de tourment et de soif. Ses pulsions reprirent le dessus, et d’un état léthargique, elle fut envahie de spasmes incontrôlables.
* Ca brule, ça brule, ça brule, CA BRULE ! *
Une explosion retentit et attira l’attention des gardes. Une espèce de colonne de feu avait remplacé Pandore. Puis, petit à petit, cette colonne se tailla elle-même, aiguisant ses contours, sculptant un corps entier d’une adolescente enragée. La fille aux cheveux de soie n’était plus en mesure de retenir sa colère. Le combat fut téméraire, bien qu’elle en sorte perdante.
Ainsi s’éveilla le Karnevale de Pandore.
Le lendemain, on ne parlait plus que de la « gamine de feu ». Celle qui avait blessé 3 soldats de part sa folie. Devait-on la mater ou l’apprivoiser ? Choix difficile. Elle fut placée dans l’hôpital le plus proche car sa condition n’était pas des plus saines. Son père lui rendit visite une première fois, sans dire un mot. Il parti aussi silencieusement qu’il était entré. La deuxième fois, il commença à aborder le sujet de l’art du combat. Il semblait toujours contre cette idée, mais mal à l’aise de voir son enfant dans cet état. Pandore, même en position de faiblesse, ne se détourna pas de son but. Elle avait de l’énergie à revendre, alors pourquoi ne pouvait elle pas s’en servir comme les hommes faisaient. Peut-être qu’à ce moment là, le père comprit l’ampleur de la détermination de celle-ci. Il se contenta de baisser les yeux, et de sortir en silence. Il ne revint plus à l’hôpital.
A son retour chez elle, Pandore fut accueillie comme il se devait. Son père était absent à l’appel, on lui raconta qu’il était parti seul dans le désert. Plutôt imprudent pour un homme qui voyant sa santé diminuer. Se munissant d’un châle et de ses dagues, la fille s’empressa de partir à la recherche de celui-ci. Elle en avait assez de fuir les décisions et le courroux de son paternel, aujourd’hui, elle était décidée à l’affronter de face.
Quelle fut sa surprise de le trouver planté au milieu des dunes, paré de son armure de combat, l’allure fière. Plus étonnant encore, il ne lui parla même pas, et à peine se fut-elle retrouvée à ses côté qu’il lui envoya un coup dans les omoplates digne des plus grands colosses. Pliée en deux au sol, elle interrogeait son père du regard.
- Tu crois vraiment qu’une femme peut rivaliser avec un homme dans un combat ? C’est de la folie ! Pour qui te prends-tu après tout ?
Pandore se redressa, le visage emplit de colère. Il semblait ne pas avoir changé, toujours cette fierté increvable qui l’empêchait d’être digne !
- … C’est pourquoi tu vas devoir t’entraîner dur… Si tu déshonore ta famille, je te le ferais payer de mes mains !
Les pupilles écarquillées, elle fixa l’homme. Il tourna le visage, presque gêné de montrer ce côté de lui. Pour la première fois, Pandore pu ressentir le vent léger qui lui léchait la peau, empêchant le soleil de la bruler.
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Une femme énergique et vivace sillonne les rue d’Opale. Elle se faufile sans mal au travers d’une foule déchainée, ignorant jargons et interpellations. La voila grandie, mure, sure d’elle. Elle lancer des regards déchainés sur les personnes qui l’attrapent pour les quémandes d’achat. Crainte, haie ou détestée ? Peu l’importait, tout ce qu’elle voulait, c’était se maitriser, et rien de tel pour cela que de se confronter jour et nuit à la population virulente du Bright Town. Elle venait pour se trouver un appart, dans un lieu le plus fréquenté possible. Venant d’être acceptée en tant que garde de la cité, elle commencerait donc une toute nouvelle vie, avec un but s’orientant non pas vers la hiérarchie mais la spécialisation et la reconnaissance.