[Terminé] Putting words together [Ehma]

Andy venait assez régulièrement à Opale, pour profiter de l’ambiance singulière de cette ville qu’il appréciait particulièrement. Le climat était devenu quelque peu tendu depuis un an, mais la ville restait relativement agréable à vivre. De toute manière il était contraint de venir ici quand le besoin s’en faisait sentir pour vérifier l’état de santé des dragons de l’armée. C’était important. Mais il faut reconnaître que ce n’était pas l’unique raison ; la principale était d’une tout autre envergure et d’une tout autre nature.

Il se promena un moment le long de la rue, observant avec curiosité les étalages extérieurs des armureries. Il était intéressant de voir quel genre d’arme était le plus en vue ces temps-ci, de comparer les prix, d’analyser la qualité. Il préférait de loin cela aux piaillements des jeunes aristocrates amenthalysiennes qui s’extasiaient à la capitale. On croisait aussi de nombreux entraîneurs et apprentis gladiateurs, bref, l’ambiance était au rendez-vous. Andy y cherchait une certaine personne ; on lui avait indiqué qu’elle se trouvait ici actuellement. Mais où exactement ? Au dernier endroit où il avait eu l’idée de chercher.

Il pénétra dans un camp d’entraînement, où de nombreux apprentis s’entraînaient avec acharnement. Même les éléments féminins faisaient preuve d’une impressionnante ardeur dans la tâche. Andy fit le tour, observateur et intéressé, avant d’apercevoir juste sous ses yeux Ehma Riley. Elle lui tournait le dos ; il s’en approcha discrètement, attrapa ses épaules et pencha sa tête en avant pour lui souffler à l’oreille :

« Bonjour, mademoiselle la sénatrice. »

La question qui se posait maintenant était : qu’est-ce qu’elle pouvait bien fabriquer par ici ?

« Tu t’intéresses aux entraînements des aspirants gladiateurs maintenant ? Ça m’étonne de toi. »

Chaque pas la rapprochait de l'école. Cet endroit n'était pas dans ses favoris, mais elle se sentait obligée, en quelque sorte, à y jeter un coup d'oeil de temps à autre. Histoire de voir que tout allait bien et qu'aucun débordement n'aurait lieu. Ehma n'avait pas grand-chose à faire aujourd'hui, exceptionnellement. Et s'en était si rare qu'elle se demandait si elle n'avait rien oublié.
Plus elle se rapprochait du camp d'entrainement, plus les bruits se firent différents. Les cris des rues se transformaient progressivement en cri de guerre, toujours plus crescendo au fur et à mesure qu'elle avançait. Les femmes lui adressèrent un regard avant de retourner à leur tache, les autres ne prirent pas la peine de s'arrêter ; c'était, après tout, une personne comme une autre en visite. Seule une personne du "corps enseignant" vint à sa rencontre, lui expliquant le déroulement du programme de la journée. La femme ne fit qu'hocher la tête en signe de compréhension et finit par observer les éléments prometteurs de ce vaste camp. Plus tard, peut-être, l'un d'entre eux- serait à sa place. Peut-être certains d'entre eux auront la chance de chevaucher un dragon en devenant un membre de l'armée d'Opale.

Ehma n'était pas du genre à se projeter bien loin dans le futur, personne ne savait si elle avait rendre l'âme dans l'heure qui suivait ou dans une dizaine d'années. Et s'en fichait éperduement, le moment présent était ce dont elle se souciait. Son regard se figea sur ces apprentis, plein d'espoir et de courage, travailleur et soucieux de leur avenir. Elle le savait, ceux qui entraient ici n'étaient pas là pour jouer à la poupée mais bien pour, un jour ou l'autre, risquer leur vie dans le Red Dragon Stadium. Elle sourit légèrement en imaginant ces jeunes personnes s'entretuer dans une arène. Voilà le genre de personne qu'elle portait dans son estime.
Ses pensées furent néanmoins coupées par la présence d'une personne. Elle ne la connaissait que trop bien et ne cilla pas le moindre du monde lorsqu'il la salua. Son regard était toujours fixé sur les apprentits gladiateurs, s'acharnant sur leur binôme pour un exercice quelconque.

Je te retourne la remarque. Que viens-tu faire ici ? Il me semble que monsieur est bien occupé ces derniers temps.

Elle n'avait pas daignée lui adresser un regard, tout simplement parce qu'elle n'en éprouvait pas la nécessité. Il fallait avouer que ces jeunes avaient du potentiel.

Je suis ici pour une simple visite. Il serait dommage que l'école ne finisse en ruines à cause d'une prise de têtes.

Et elle devrait revenir plus souvent, l'endroit était bien plus calme par rapport aux autres places de la ville.

Andy adorait cette façon qu’avait Ehma de s’adresser à lui.

Il était trop habitué à des excès de politesses. Quand les gens le voyaient, ils avaient plutôt tendance à se tenir à carreaux et tournaient mille fois leur langue dans leur bouche avant de parler, dans l’espoir de ne pas offusquer Messire Jacobsen. C’était agaçant, que l’on fasse autant de manière avec un aristocrate juste pour s’attirer le minimum de ses faveurs. Andy ne supportait pas ça ; il préférait que l’on soit direct avec lui au lieu de lui lécher les bottes, même s’il faut reconnaître tout de même qu’il n’acceptait pas toujours qu’on lui parle mal.

Elle n’avait même pas pris la peine de se retourner, et son arrivée par derrière ne l’avait pas le moins du monde surprise. Elle semblait bien trop occupée à surveiller le camp d’entraînement pour daigner poser son regard sur lui. Andy leva les yeux vers les apprentis à son tour, restant à proximité de la jeune femme, remarquant la violence particulière de l’un d’entre eux qui n’avait pas capté son attention lorsqu’il était entré.

Il s’alluma alors une cigarette, sans se demander si cela dérangeait ou non, avant de ranger ses mains dans ses poches. Il avait l’habitude qu’Ehma lui parle froidement et cela ne l’étonnait pas plus qu’à l’accoutumée, bien au contraire, c’était même rassurant. Il se mit à sourire lorsqu’elle lui lança la remarque cinglante sur le fait qu’il était très occupé ces temps-ci. C’est vrai, il l’était. Tellement qu’il ne venait presque jamais la voir, même lorsqu’il était à Opale.

« Je te cherchais. Mais tu n’as pas l’air content de me voir. »

Il faut dire que peu de gens appréciaient sa compagnie. Il souffla un nuage de fumée, ne sachant pas vraiment quoi ajouter. Il se glissa à côté d’elle, et esquissa un sourire mesquin. Une simple visite ? Voyons. La sénatrice d’Opale en personne avait-elle assez de temps à consacrer à cette besogne dont n’importe qui d’autre pourrait s’occuper ?

« Tu accordes si peu de confiance aux professeurs qui surveillent ? Avoue plutôt que tu croules sous la paperasse et que tu cherches des excuses pour t’en échapper. »

Son regard resta fixé sur un élément prometteur. Il n'avait pas l'air de craindre la mort et se débrouillait avec une épée. Sur la totalité des personnes présentes, quasiment aucune ne s'était retournée pour voir le nouveau visiteur. Il était rare d'avoir autant de personne en une journée, il fallait dire que l'école n'était pas un lieu où l'on pouvait entrer et sortir facilement. Une odeur de cigarette commença a envahir l'endroit et Ehma n'avait pas besoin de tourner la tête de droite à gauche pour savoir qu'Andy avait décidé d'allumer son calmant numéro un pour la énième fois de la journée. Sa tête dévia sur la gauche, observant les professeurs qui eux-même observaient leurs élèves. Ces personnes étaient les seuls moyens pour que les "cours" ne finissent pas en véritable bain de sang.
Les paroles du jeune homme entraient d'une oreille et sortaient par l'autre. Elle ne voyait pas pourquoi il la cherchait, sachant qu'elle comme lui n'avait pas le temps de se voir.

Ce n'est pas que je ne suis pas contente de te voir, je m'étais habituée à ton absence. Et n'essaye pas de me mettre dans le même panier que toi, je suis ici en tant que maréchale. Pas en squatteuse comme certains.

A quand remontait la dernière fois qu'ils s'étaient vu ? Assez longtemps pour qu'elle ne s'en souvienne plus, c'était un fait. Ne préférant pas rester statique et observer un seul côté de l'entrainement des futurs gladiateurs, la jeune femme changea d'endroit, se rapprochant des apprentis. Voir autant de fougue, c'était captivant, mais surtout motivant. Un léger sourire ornait les lèvres de la jeune femme qui, croisant les bras, écoutait les critiques des professeurs. Durs et directs, mais c'était ce qui forgeait l'esprit sans faille des aspirants.

J'imagine que tu dois avoir quelque chose d'important à me dire si tu me cherchais aussi désespérement.

Elle se tourna finalement vers lui, plantant son regard dans le sien. Contrairement aux autres, lui ne baissait pas ses yeux quand elle les croisa. Lui ne faisait pas de courbettes futiles et ennuyantes devant sa personne parce qu'il désirait telle ou telle chose. Il était différent et c'était quelque chose qu'elle appréciait.

Si tu n'as rien à faire, retourne à tes affaires. Je n'ai pas besoin que tu viennes me déranger en plein travail.

Si on pouvait réellement appeler cela un travail. Ça l'aurait plus dérangé s'il était venu au milieu des papiers, mais d'un autre côté, cette tâche était aussi sérieuse que n'importe quelle autre, il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne se disperse, ne serait-ce qu'un peu.

Alors elle retourna à son observation intense alors qu'un apprenti venait de tomber à terre. Rapide, il se releva et contre-attaqua, donnant visiblement du mal à son adversaire. Il y en avait du potentiel dans cette place. Pour le plaisir des yeux des Opaliens, ces jeunes personnes allaient en baver bien fort. Beaucoup plus que ce qu'Ehma n'aurait imaginé.

Peu de gens l’envoyaient paître comme elle le faisait. C’en était presque déstabilisant. Mais Andy, ça l’amusait plus qu’autre chose et étrangement c’était précisément ce qui lui plaisait le plus chez Ehma, outre sa puissance démesurée qui forçait le respect. Elle ne cessait de s’agiter, de courir à droite, à gauche, pour observer le camp dans tous ses angles. On aurait pu considérer cela comme une sorte d’inspection, ce qui ne faisait pas de mal de temps en temps, c’est vrai. Andy l’observa longuement, avec un calme imperturbable.

Lorsqu’elle se tourna vers lui, il put enfin la regarder bien en face. Elle semblait peu encline à lui parler aujourd’hui, peut-être par colère envers lui ou tout simplement parce qu’il l’emmerdait. C’était assez commun et habituel, leurs rares rencontres se déroulaient toujours à peu près de la même façon, pour finalement s’en aller chacun de son côté sans même s’adresser un dernier regard. Le genre de relation entre deux êtres trop orgueilleux pour accepter de s’ouvrir l’un à l’autre, qui se résumait à des piques lancées constamment pour avoir le dernier mot. Il souffla un nuage de fumée grise, et resta silencieux, sans lui répondre quoi que ce soit. Elle n’avait décidément aucun humour.

« Désespérément, ce n’est peut-être pas le terme adéquat, non. »

Elle s’était retournée, à nouveau, le laissant derrière elle. S’il s’en était allé à ce moment-là, elle ne l’aurait sans doute même pas remarqué. C’est ce qu’Andy eut envie de faire. Il ne tenait pas à perdre davantage son temps ici alors qu’il était devenu impossible d’entretenir la moindre discussion entre eux. Et sa fierté lui interdisait d’en rajouter. Il préférait se contenter d’observer, et restait presque indifférent à la situation.

Retourner à ses affaires. C’est ce qu’il allait faire, oui.

Mais avant cela, il s’avança vers elle, et saisit son bras d’une poigne de fer ; Ehma n’avait pas besoin qu’on la traite avec délicatesse, il le savait bien. Leurs regards étaient tous deux fixés sur le camp d’entraînement, sur la violence dont faisaient preuve les apprentis et qui n’avaient pas leur égal. Il tira sa cigarette de ses lèvres, et se pencha vers elle, crachant ses mots en faisant abstraction de l’ambiance sentimentale généralement requise pour une telle déclaration.

« Est-ce que tu veux m’épouser ? »

Les gladiateurs miniatures s'en sortaient plutôt bien. Ça la contentait, ne cachant pas son regard presque fier d'avoir dans sa ville des personnes aussi douées et motivées. Laissant Andy derrière elle, Ehma continua son inspection en toute liberté, écoutant les remarques diverses et variées sur le comportement des jeunes et la manière dont ils devraient tenir leur épée ou leur bouclier. Un groupe de quatre personnes s'arrêta pour jeter un coup d'oeil à la femme qui faisait le tour du camp d'entraînement, la dévisageant comme si elle était venue apporter la pire des nouvelles à l'un d'entre eux. Peut-être étaient-ils habitués à voir des gens de l'extérieur uniquement pour les informations personnelles et importantes ?

La jeune femme ne pût réfléchir plus longtemps à la signification des regards insistants sur sa personne qu'une autre s'en prenait à son bras. Elle le quitta cependant pas le camp des yeux, sachant pertinemment qu'Andy devait avoir une idée saugrenue derrière la tête. Elle ne lui lança pas un regard, restant concentrée sur une jeune femme - du moins, ça en avait l'air d'être une - en train de s'acharner sur sa camarade qui commençait à flancher. Elle sentir une odeur venant de derrière, preuve qu'il n'avait toujours pas terminée sa cigarette et qu'il se permettait de fumer dans l'école. C'est alors qu'une phrase arriva a ses oreilles, son déchirant pour ses tympans qui lui firent signe qu'elle avait bien entendu ce qu'elle avait entendu. Mais Ehma resta impassible. Elle ne se retourna pas, préférant regarder le même binôme qui était sur le point de se faire arrêter par un professeur à cause de la violence dont la jeune fille faisait part à sa camarade.

Elle ne lui répondit pas ; après tout rien ne lui obligeait de répondre tout de suite. Ni de lui répondre tout court. Ce genre de demande, la maréchale l'avait déjà entendu, sur Amenthalys. Le genre de chose que les hommes disaient d'une manière si romantique et dégoulinante de rose que la jeune femme en venait presque à vomir ou pleurer de honte pour le couple. D'ailleurs... Cela ne pouvait être qu'une farce ou quelque chose qui dépassait l'entendement de l'Opalienne.

Très drôle. Si tu n'as vraiment rien d'autre à faire, déguerpis.

Elle reprit sa main sans forcer ; il n'y avait pas besoin de beaucoup d'énergie pour se libérer de Jacobsen.

N'essaye plus de te foutre de moi, la prochaine fois je te le fais payer.

Elle avait l'habitude de se prendre des remarques cinglantes de sa part, mais pas au point de faire mumuse avec les mots. Elle avait horreur que l'on se moque d'elle, que ce soit un simple habitant d'une tierce ville ou d'Andy.
Un professeur s'approcha d'elle, ayant apparemment comprit que la maréchale était là. Comme celui qui l'avait accueilli, il lui expliqua que les bases du camp et autres choses plus ou moins classique. Ce qui l'était moins, c'était qu'il lui proposa d'aller à la rencontre d'un des apprenti, proposition qu'elle déclina. Elle ne se permettrait pas d'empiéter sur le temps d'entraînement de ces futurs gladiateurs ; elle savait que seul un entraînement rigoureux pouvait les forger.

Sa main lâcha sa prise, ayant perdu sa fermeté suite aux paroles d’Ehma. Il sentit soudain un dégoût, une profonde amertume l’envahir, alors que son regard s’était lentement posé sur la jeune femme. Il fit craquer ses doigts, l’observa d’un air sévère accompagné d’un excessif froncement de sourcil. Il supportait assez mal d’être si peu pris en considération, surtout lorsqu’il s’agissait d’elle. Il serra fermement son poing, en signe d’agacement. Malgré son emploi du temps chargé, il avait fait en sorte de la rejoindre et non pour une moindre raison, et elle l’envoyait balader de cette façon. C’était véritablement mortifiant pour lui qui détestait ne pas être pris au sérieux.

Rabaissé, offensé, il regarda un moment sa main fermée, et l’ouvrit lentement, avant de reporter son regard sur Ehma d’un air mauvais. Il ne comptait même plus toutes les fois où il avait dû retenir ses pulsions agressives contre elle. C’est laid à reconnaître ; il pouvait parfois la haïr autant qu’il l’aimait. Il ne laissa pas échapper le moindre geste de violence à son égard et rangea ses mains dans ses poches, aspirant nerveusement la fumée que produisait sa cigarette pour se calmer.

« Je vois. »

Blessé dans son amour-propre, il n’eut pas la moindre d’envie d’en rajouter. Il aurait pu en rire et tenter de la convaincre que ce n’était pas une blague, mais sa fierté le lui interdisait formellement. Alors il ne fit rien de tout cela. Ehma discutait avec un professeur de l’école et semblait avoir déjà oublié leur discussion et même sa présence ici. Il était presque transparent en ces lieux, comme s’il n’avait jamais été là à cet instant. Et il ne supportait pas cela. Cela lui évoquait de si mauvais souvenirs qu’il aurait pu décider sur un coup de tête de partir pour ne plus jamais revenir. Mais était-ce la meilleure chose à faire ?

Il poussa un soupir de désagrément et se dirigea vers la sortie, les épaules crispées et tendues. Lorsqu’il passa derrière Ehma, il jeta à ses pieds une fine bague d’argent qui tourna plusieurs fois sur elle-même avant de se laisser tomber au sol.

Elle pouvait bien la ramasser ou faire semblant de ne pas l’avoir vue ; ça ne changeait rien.

Plusieurs combats étaient terminés, il n'en restait plus qu'une poignet qui ne devrait pas tarder à cesser. Les élèves avaient l'air motivés, malgré leur visage en sueur et leur souffle court. C'était impressionnant de voir autant de jeunes personnes si soucieuses de leur "avenir". Le professeur fini par retourner auprès des apprentis, laissant de nouveau Ehma seule. Ça ne la dérangeait aucunement, c'était, après tout, une simple visite. Aucun problème n'avait été détecté. Cette école pouvait être fière de sa réputation ; elle la méritait amplement.
Alors quand elle sentit un vent léger derrière elle, elle ne se doutait nullement qu'Andy devait en avoir terminé avec sa plaisanterie et qu'il s'en allait. Un bruit fit cependant mouche dans le cerveau de la jeune femme. Un son fin, presque imperceptible parmi ce boucan d'épées entrechoquées. Ses yeux s'abaissèrent sur le petit anneau que le dragonnier avait fait tomber. Une sorte de bague qu'Ehma n'avait encore jamais vu, faute de femmes mariées dans son entourage. Elle réussit néanmoins à identifier l'objet comme étant une bague de fiançailles, quelque chose dans le genre.

Surprise, elle réfléchit un instant avant d'en conclure que ce ne devait être qu'un élément pour sa farce d'enfant. Elle s'entêtait à croire que cette demande en mariage n'était qu'une vaste plaisanterie, quelque chose pour la mettre sans l'embarras peut-être. Jamais elle n'aurait pensé que le grand Jacobsen s'abaisserait à ce genre de choses. Mais. Il restait quelqu'un d'à peu près respectable, malgré cela.

Andy.

Elle se rendit vers lui, d'un pas sûr et ferme. Son ton était clair ; comme si seul ce mot insistait à s'arrêter. Elle lui prit la main, assez fort pour qu'il s'arrête et lui la lui ouvrir, déposant l'anneau dans sa paume.

N'oublis pas ça aussi.

Beaucoup penseraient qu'Ehma est une sans-cœur qui ne fait que se moquer de lui plus qu'elle ne l'avait déjà fait. Mais beaucoup ne connaisse pas Ehma et c'est sans arrière-pensée lui rendit l'alliance qui lui était destinée.

Quand elle releva la tête pour croiser son regard, elle remarqua quelque chose en plus. Une chose qu'elle ne pensait pas voir dans ces pupilles noirs. Il avait l'air... Comme agacé, quelque peu blessé. Mais elle n'en fit pas tout un mélodrame et se disait qu'il devait avoir plus d'un problème en ce moment. Ehma ne se posa même pas la question "et si c'était moi ?" puisqu'elle se savait hors de cause. Après tout, c'était lui qui avait commencé à se moquer d'elle. Même si inconsciemment, elle ne se rendait pas compte qu'elle lui rendait la pareil. En plus fort et plus insultant. Et au final, soutenu son regard.