[Terminé] Dans la paix de son jardin, il cultive ses roses... [PV Lady Emi]

Cet après-midi se tenait une tea-party à l'étang d'Almancar, dans le chalet de Caleb. Lady Emi était invitée, et devrait se présenter à sa porte aux alentours de quinze heures quarante. La table était mise, décorée d'un napperon percé de broderies, et le service a thé était sorti, fringuant de n'avoir jamais servi.

Caleb avait revêtu des atours simples, quoique distingués : une simple chemise, une cravate, un gilet, et une veste passée par-dessus. Il attendait patiemment que Lady Emi arrivasse, les jambes croisées et le regard songeur.

Son regard erra sur son jardin visible à travers les carreaux. Les roses poussaient bien, elles avaient désormais une belle couleur purpurine qui leur allait à merveille. Il avait fait l'honneur d'en cueillir une pour l'occasion, et celle-ci reposait dans un vase cristallin, tournée vers la lumière.

L'horloge indiqua quinze heure quarante, et on toqua à la porte. Caleb se leva, ajusta sa tenue, et alla accueillir son invitée.

Spoiler:

Cet après-midi se tenait une tea-party à l'étang d'Almancar, dans le chalet de Messire Caleb Leigh. Emi était invitée, et devrait se présenter à la porte de Monsieur aux alentours de quinze heures quarante. Il était impensable qu'elle n'ait ne serait-ce que quelques minutes de retard. Cela aurait été fort discourtois.

Pour éviter tout soucis d'éventuels retards, Emi s'était préparée des heures à l'avance, afin d'être impeccable et à l'heure pour le rendez-vous. Elle avait choisie avec grande attention sa toilette du jour. Elle voulait à tout prix paraître rayonnante devant Messire Caleb. Elle s'était donc vêtue avec une longue robe blanche à moult volants, dont elle avait accentué le bouffant à l'aide d'une crinoline. Elle avait fait attention à bien serrer son corsage pour que sa taille soit aussi fine que possible et avait choisi de porter des souliers vernis à talons, afin de lui donner une silhouette gracieuse. Elle avait fait très attention à son maquillage et à sa coiffure et, quand elle s'était jugée parfaite, elle avait pris un fiacre jusqu'à la demeure de son cher ami.

Elle arriva bien vite devant le chalet du Messire, s'avança dans l'allée décorée de roses et frappa à la porte. Elle attendit patiemment puis vit la porte s'ouvrir sur Messire Caleb, resplendissant dans sa tenue du jour. Emi sentit ses joues rosirent puis dit d'une voix enjouée :

" Très cher ! Je suis ravie de vous voir aujourd'hui ! Merci de m'avoir invité à votre charmante tea party, je suis sûre que nous allons passé un délicieux après-midi ! J'espère n'être pas arrivée trop en retard ...

"Point du tout, chère amie. Mais entrez donc, le thé nous attend."

Il laissa pénétrer la jeune femme à l'intérieur et referma doucement la porte. Dans sa tenue opalescente, elle resplendissait comme un ange tombé du ciel. Caleb lui avança sa chaise, et la fit assoir à sa table. Le contraste était étonnant entre la fraicheur de la jeune femme et l'éclat de la rose.

"Ma foi, cette rose perd de sa beauté lorsque vous êtes à côté. Vous êtes resplendissante aujourd'hui," fit-il en s'asseyant.

Il prit la théière et versa le breuvage cuivré dans les tasses en porcelaine. Un embrun se forma au dessus de celles-ci tandis que Caleb reposait l'instrument.

"Prendrez-vous du sucre ou du lait? Du miel peut-être?"

Lui-même ne prenait rien avec son thé, il l'aimait un peu amer et très chaud. Étant l'hôte de ces lieux, il attendit poliment qu'elle lui réponde avant de savourer son breuvage.

Messire Caleb la rassura en lui informant qu'elle n'était point en retard et il se poussa de l'embrasure de la porte pour laisser entrer la jeune femme dans sa demeure. En parfait gentleman, il la conduit jusqu'à une table dressée avec finesse et raffinement et tira une des chaises afin d'inviter Emi à s'asseoir. Le jeune homme s'assit en face d'elle et Emi sentit son regard si pénétrant posé sur elle. Gênée, elle détourna pudiquement les yeux vers un vase au centre de la table qui abritait une magnifique rose.

" Très cher Messire, quelle rose magnifique vous avez là" dit-elle avec admiration.

"Ma foi, lui répondit-il, cette rose perd de sa beauté lorsque vous êtes à côté. Vous êtes resplendissante aujourd'hui"

Un rouge pivoine vint colorer subitement les joues de la jeune noble. Elle garda le visage baissée vers ses mains pendant que Messire lui servait le thé dans de ravissantes tasses. Qu'il lui fasse aussi impunément un compliment si flatteur... Elle en était toute retournée. Elle entendit son charmant compagnon lui demander ce qu'elle prenait avec son thé. Elle releva timidement les yeux et dit d'une voix quelque peu tremblante d'émotion

"Je prendrai bien une cuillerée de miel avec mon thé sil-vous-plait, Messire. Vous prenez votre thé nature, si je ne m'abuse ?"

Le jeune homme sourit tandis qu'il versait une pointe de sirop sucré dans le thé de son invitée.

"C'est exact. Vous me connaissez bien."

Il faut dire qu'il s'étaient croisés à plusieurs reprises déjà, lors de réceptions, ou de tea-party comme celle-ci. Mais d'habitude ils étaient un nombre plus conséquent, jusqu'à présent, jamais Lady Emi et lui ne s'étaient retrouvés seul à seul. Mais Caleb appréciait sa compagnie, la jeune femme savait se montrer agréable et réfléchie.

Il porta la tasse à ses lèvres et profita un instant de la situation. Il s'était senti morose au lever, et avait par conséquent envoyé une invitation à la dame. Il était quelque peu inconvenant de prévenir si peu de temps à l'avance, mais il savait qu'elle le rejoindrait.

"Alors, chère amie, dîtes moi tout. Comment vous portez-vous?"

Il allait en profiter pour entendre les derniers commérages de Sphéra.

"Alors, chère amie, dîtes moi tout. Comment vous portez-vous?"

Elle leva le visage vers lui. L'intérêt que Messire Caleb portait à son égard lui fit très plaisir. Emi avait vu plusieurs fois Messire Caleb a des réceptions et avait déjà eu l'occasion de profiter de son agréable compagnie mais elle n'avait jamais été seule avec lui. Elle était heureuse de voir qu'il voulait la voir elle, seule, pour lui demander de ses nouvelles.
Elle répondit en souriant de la voix la plus rayonnante possible :

" Je me porte fort bien, ma foi. Un peu fatiguée peut-être, il faut dire que dernièrement je me suis rendue à moults bals, je suis quelques peu lasse des mondanités. Je suis donc ravie que vous m'ayez convié à une tea party plus... privée disons"

Elle rougit, hésitant à continuer la conversation sur l'intimité de leur rencontre. Elle préféra raconter les dernières nouvelles dont elle avait eu vent :

"En parlant de mondanités, j'ai ouï dire que Messire Emile-Jean aller épouser Lady Germaine. Cela fait beaucoup de bruit, surtout quand on connait les rumeurs concernant l'un et l'autre... Lady Germaine aurait des liaisons avec des hommes influents, comme Messire Serge ! Et toute la haute société connait le penchant de Messire Emile pour les jeunes filles ... très jeunes même... Après cette dramatique histoire avec Mademoiselle Elliot, il eut mieux fait de ne plus faire parler de lui. Et vous très cher, que racontez-vous d'intéressant ? "

La jeune femme rougit en mentionnant leur rencontre. Oh, il semblerait qu'Eros ait encoché une de ses flèches, et la tienne en joue en ce moment même. Cela ne rendrait les choses que plus faciles...

Il l'écouta sagement lui révéler quelques mondanités, le regard fixé sur elle. Quand elle eut fini, il reposa sa tasse et s'éclaircit la gorge.

"En effet, j'ai ouï dire que l'affaire avait provoqué moult remous... Mais savez-vous que Messire Serge n'est lui-même pas blanc comme neige? Nous savons tous qu'il a épousé sa domestique, la jeune Freyja Frost, et ce fait en lui-même a déjà scandalisé bon nombre d'entre nous. Mais, d'après ce que j'ai entendu..."

Il se pencha en avant, afin de partager sa confidence de manière plus intime.

"...On l'aurait vu sortant d'une maison close, vous savez, la maison Artémis... Et on raconte même qu'il aurait eu une aventure avec une fille de joie prénommée Terek..."

Il se redressa, et prit un air désapprobateur.

"Mais tout ceci n'est que rumeur pour l'instant. Je ne fais que vous rapporter ce qui se raconte en ce moment."

Messire Caleb continua sur la lancée d'Emi, lui apprenant des histoires fort choquante sur les membres de la noblesse. La demoiselle est outrée par ses révélations

"Doux Jésus ! Quelles histoires ! Messire Serge, cotoyer des filles de joies ! Quelle révélation bouleversante ! Décidemment, certaines personnes oublient que leur rang exige qu'ils aient un comportement irréprochable ! Quelle tristesse que certaines personnes profitente de leur condition pour mener une vie si dépravée !"

Elle redressa la tête avec fierté. Elle avait toujours été éduquée en apprenant les règles de morale et de bienséance et elle tenait absolument à montrer à Messire Caleb qu'elle ne se prêtait jamais, ô grand jamais, à de telles débauches ! Rien que d'y penser, elle rougit de honte.

" J'ai également entendu des propos forts inquiétants au sujet de Lady Clarice... On savait qu'elle été fiancée à Messire Eduardo, qui bien qu'un peu original -il avait, je crois, une passion pour des volatiles, les pigeons si mes souvenirs sont exacts- semblait être un bon parti mais il semblerait de cette demoiselle soit allée voir ailleurs... Et pas n'importe où ! On raconte qu'elle aurait entretenu une relation avec le fils d'un riche noble, Messire Ael... Or celui-ci n'a que 11 ans ! Quel scandale !"

Emi mit la main devant son visage, effrayée par le souvenir de tant d'histoires de perversion qu'on lui avait narré. Décidément, certains nobles ne savaient vraiment pas se tenir !

Amusé, Caleb regarda son invitée s'indigner de ses propos. Pour sûr, la lady n'était pas comme cela. Elle tenait parfaitement son rôle de dame noble, et aucune éclaboussure de ce genre ne venait ternir sa réputation. Qu'elle était adorable, cette jeune fille sage!

"Ah, lady Clarice! Permettez moi de démentir vos propos, cette rumeur s'est avérée fausse en fin de compte. Elle avait en fait été lancée par un amant rejeté par la belle, qui, ne supportant pas de la voir se fiancer, avait décidé de se venger. Je puis vous assurer que messire Ael n'entretient aucune relation de ce genre avec la future épouse, en effet, elle était sa tutrice! Dans un élan de bonté, elle avait accepté de l'aider dans ses études. N'est-ce pas malheureux de voir un geste de telle bonté dévié de la sorte à cause d'une amère rancune?"

Il secoua la tête, résigné. Mais au fond, Caleb faisait partie de cette vaste famille qu'était la noblesse, il apportait lui aussi sa pierre à l'édifice. N'était-ce pas ce qu'il était en train de faire, en ce moment-même, si ce n'est colporter de rumeurs encore infondées et peut-être fausses? Mais tout le plaisir était là. Tout ceci n'était qu'un jeu. Chaque jour, il mettait sa réputation en jeu, et détruisait celle des autres. Un jour, il tomberait sûrement lui aussi. Mais pour l'instant, il menait la danse avec brio.

"Mais dîtes moi... Une aussi charmante lady telle que vous n'aurait-elle pas trouvé l'âme sœur? Cela me désolerait de voir une jeunesse ainsi gâchée. L'on m'a rapporté que vous vous étiez rapprochée de Lady Mewalk récemment. Cette association ne vous a-t-elle pas fait rencontrer de nouveaux visages?"

Messire Caleb lui apporta des informations pour démentirent les rumeurs peu flatteuses qui circulaient sur Lady Clarice. Quelle bonté de vouloir ainsi rétablir la vérité pour éviter de faire du tort aux autres! Emi le regardait parler, admirative.
Soudain, Messire Caleb lui posa une question qui fit rater quelques battements à son coeur : il lui demanda si elle avait trouvé l'âme soeur. Elle rougit comme une pivoine et ne sut que répondre. Bien sûr qu'elle avait rencontré de jeunes nobles fort charmants, mais elle n'était pas fiancée et aucun des hommes de son entourage n'avait su lui plaire. Enfin... Le pourpre sur son visage devenait de plus en plus vif. Elle essaya de bredouiller une réponse :

" Et bien... Il est vrai que je me suis beaucoup rapproché de Lady Mewalck et que sa charmante compagnie m'a permis de rencontrer de nombreuses personnes, plus intéressantes et charmantes les unes que les autres mais... Je ne suis toujours pas fiancée. Ces hommes sont certes fort courtois mais disons qu'aucun n'a su...ravir mon coeur"

Elle prit grand soin d'avoir les yeux rivées sur sa tasse de thé au moment de prononcer ces derniers mots. Elle ne souhaitait pas qu'on lise un quelconque trouble dans son regard, en plus de ses joues écarlates. Elle voulut retourner la question à Messire Caleb mais elle avait peur que sa réponse soit positive. Non pas qu'elle en eut éprouvé une certaine jalousie, voyons, ça non ! Il aurait juste été inconfortable de se trouver en tête-à-tête avec un homme fiancé. Fiancé...
Emi déglutit avec difficulté puis releva les yeux, le visage résolu :

"Et vous, Messire ? Un homme tel que vous, d'un si bon parti, doit avoir bon nombres de prétendantes ! Une jeune femme aurait-elle réussi à vous plaire ?"

Une délicieuse couleur pourpre se propagea sur le visage de la jeune demoiselle. Qu'elle était ravissante, ainsi embarrassée! Elle ressemblait en cet instant à ses chères roses...

Il eut été plaisant de poursuivre sur le sujet, mais inconvenir ainsi une jeune fille aurait été discourtois.

"Quel dommage... Vous savez, il faut profiter de la jeunesse tant qu'elle est là."

Il laissa le silence s'étirer, observant le trouble s'inscrire sur le visage de son invitée. Elle finit par rassembler son courage et lui retourner la question. Il avait eu, en effet, des prétendantes. Et de toutes sortes. Certaines étaient venues ici-même, s'étaient assises là où Lady Emi se tenait en ce moment-même. Elles avaient été rougissantes, hésitantes, attentionnées. Ou déterminées, impétueuses, aguicheuses. Et toujours dans leur cœur, ce fol espoir de ravir le sien.

"Hélas mon amie, j'ai bien peur que la vie ne me réserve pas ce genre de surprise. Qui voudrait venir vivre ici, en solitaire avec moi au bord d'un étang? Je n'escompte pas demander un tel sacrifice à une jeune femme dans la fleur de l'âge."

Il connaissait déjà sa réponse. Il le savait car elles répondaient toutes de la même façon.

Leurs tasses étaient vides à présent, et la convenance eut été de reproposer du thé. Mais il estima qu'il pouvait désormais déroger quelque peu aux règles de bienséance.

"Le temps est doux en ce jour, et le soleil fait chatoyer le jardin; cela vous plairait-il d'aller voir mes plants de roses? Elles sont particulièrement belles en cette période de l'année."

La réponse de Messire Caleb lui avait donné envie de se bondir de sa chaise pour lui dire qu’elle était sûre que n’importe quelles jeunes filles se seraient damnées pour vivre près de l’étang en « solitaire », si c’était avec sa si charmante compagnie. Mais un poid au fond de son cœur l’en avait empêché. Peut-être parce qu’il aurait fort malvenu pour une jeune fille bien éduquée comme elle de se comporter de la sorte. Ou parce que ce geste aurait était l’aveu secret qu’elle faisait elle-même partie de ses jeunes filles. Alors elle se contenta de le regarder prononcer ces paroles, la gorge nouée de tous les mots qu’elle n’avait pas la force de prononcer.
Messire Caleb lui proposa alors de sortir afin d’admirer ses roses. Elle connaissait l’affection que le jeune homme portait à ses fleurs et elle se dit, sentant son cœur s’emballer, que ce moment passé en sa compagnie, dans ce spledide jardin fleuri, allait être tellement romantique qu’il pourrait être propisce à un quelconque rapprochement. Peut-être tenait-elle le moment parfait pour lui faire comprendre l’affection qu’elle avait pour lui. Il avait raison, elle n’allait pas passer sa jeunesse passée, voir défiler les hommes sans jamais s’en attacher et laisser filer son seul amour par lâcheté ou par peur. Certaines allaient bien moins attendre. Si elle ne faisait rien, elle finirait seule. Et lui non.
Suffit les timidités, il fallait qu’elle agisse. Le cœur battant, le teint pourpre mais le regard résigné, elle leva le visag vers lui en lui disant d’une voix pleine d’assurance :

»Bien sûr très cher ! Je meurs d’envie d’admirer vos splendides rosiers ! »

Caleb lui adressa un tendre sourire alors qu'il se levait et l'aidait à faire de même. Il avait noté son absence de réponse un peu plus tôt, démontrant par là-même les restes de codes moraux qui pesaient sur la jeune fille. Qu'à cela ne tienne, elle céderait tôt ou tard.

"Alors suivez-moi."

Il lui tint la porte ouverte et la mena vers son jardin bordant le chalet. Il faisait vraiment un temps radieux, et un petit courant d'air tiède vint les frôler. Prévoyant, Caleb proposa son bras à la jeune fille pour la guider vers les plants qui les intéressaient.

Ils passèrent devant plusieurs sortes de fleurs, notamment des massifs de rhododendron framboises. Il avait tenté de faire resplendir l'espèce, mais elles ne s'étaient pas autant embellies que ses roses. Et ils parvinrent justement devant les magnifiques bourgeons pourpres.

"Regardez, on dirait qu'elles vous attendaient. Voyez comme elles se tournent vers nous!"

Il se pencha pour humer leur délicate fragrance.

"Ah celles-ci, ce sont les roses Eléanore." Il afficha une expression timide, presque embarrassée. "Je prénomme mes fleurs du nom de jeunes femmes, j'espère ne pas vous effrayer... Mais elles sont tellement belles, que je ne puis m'empêcher de les comparer à vous, gentes dames. Voilà les roses Aemilia, les roses Pandore..." Il désignait les susnommées au fur et à mesure, et sa main caressa bientôt un parterre de fleurs encore roses.

"Celles-ci, si vous le permettez, j'aimerais les nommer Emi... Elles sont encore jeunes, mais très prometteuses..."

Et il était sûr que bientôt elles seraient écarlates..

Ils sortirent à l'extérieur de la batisse. Messire Caleb, en gentleman, proposa son bras à Emi afin de la guider vers ses parterres fleuris. Ce contact charnel la troubla mais elle prit garde de pas laissa trop paraitre sa gène sur son visage.
Ils arrivèrent devant de magnifiques massifs, longeant divers espèces de fleurs, dont de splendides rhododendrons, pour enfin arriver devant les sublimes rosiers. Emi ne put s'empêcher de pousser une exclamation de stupeur face à la beauté délicates des bourgeons rouges. Cette vision des jeunes fleurs rouge était absolument frappante.
Le jeune homme se pencha vers ses fleurs et la demoiselle vit se peindre sur son visage un air attendri qu'elle ne lui connaissait pas. Elle trouva tout bonnement charmant qu'un homme puisse s'émouvoir face à un parterre de roses et admira la tendre affection avec laquelle il s'occupait de ses fleurs afin de les rendre les plus belles possibles.
C'est alors qu'il se tourna vers Emi, le regard gêné, et lui fit un aveu qui troubla la jeune noble : il donnait à ses massifs de roses le nom de jeunes femmes. Eléanore, Aemilia, Pandore... Emi ne connaissait pas ses noms, elle ne connaissait aucune femme se prénommant ainsi. Mais elle sentit une panique l'envahir : était-ce les noms de femmes qu'il avait aimé ?
Il lui dit alors, dans un souffle, qu'il comptait appeler un de ses massifs par son nom à elle, Emi. Il lui désigna de jeunes pousses encore rosées. Le trouble d'Emi augmenta de plus en plus, elle sentait son regard pénétrant sur elle, sentit le rouge lui monter à nouveau aux joues.

" Oh, Messire, je ne sais pas si je mérite de voir mon nom donné à vos magnifiques roses...."

Elle hésita puis ajouta :

"Vos roses sont si belles, ce doit être difficile pour vous de vous occuper d'autant de plants... Je serai ravie de pouvoir vous aider dans cette tâche...Et ce chaque jour de ma vie, si vous le souhaitiez"

Surprise de sa propre audace, elle ne releva pas le visage tout de suite mais décida finalement de lever le regard vers les si beaux yeux du jeune homme.

Oui, comme cela, c'était parfait. Il assistait à l'éclosion du bourgeon, la jeune fille devenait femme et s'épanouissait sous la poussée de l'amour. Et quand elle leva les yeux vers lui, il sut qu'elle était à point.

"Vous me comblez..." souffla-t-il en se penchant vers elle.

Et tandis qu'il posait ses lèvres sur les siennes pour échanger un chaste baiser, il sortit une dague de sa ceinture et l'enfonça d'un geste souple en plein dans le poitrail de la jeune femme. Il se recula un peu et admira la fleur pourpre qui se propageait sur sa robe. En revanche, il était peiné par l'air affolé sur le visage de la Lady.

"Oh, allons ma douce... Ne me regardez pas ainsi. N'était-ce pas ce que vous souhaitiez? "M'aider dans cette tâche"? Vous ferez un plant de roses magnifique."

La lame s'était fichée directement dans le cœur, laissant un dernier soupir mourir sur les lèvres de la jeune femme. Il pouvait à présent s'atteler à la tache.

Il alla chercher une pelle, et toute trace de morosité envolée, se mit à entamer la terre meuble sous le massif de rosiers. L'air était doux, le soleil radieux, il avait un sang neuf pour faire croitre ses roses, il n'aurait pu être plus heureux.

Une fois la cavité creusée, il souleva délicatement le corps de la jeune femme pour le placer dedans. Quelques coups de pelles, et il n'y paressait plus rien.

Les roses Emi seraient magnifiques, tout comme les roses Eléanore, Aemilia, Pandore, et toutes les autres.