Les Bonnes Manières [BDSM]

Siam & Andy

Spoiler:

- Tu vas me le payer !!

Siam Pain n'était pas de bonne humeur, mais alors, vraiment pas. Morgane ne donnait plus de signe de vie depuis quelques semaines car elle préférait se retrouver un peu seule. Résultat, pas de sexe, pas d'amour et même pas de cadeau pour la St-Valentin. L'Opalien aurait préféré retourner dans sa chambre miteuse au dessus de la Taverne, parce qu'au moins, il n'avait alors ni de problèmes de couple, ni avec l'Empereur !

Le coeur battant, il sortit de l'aéronef qui l'avait mené au Palais Volant Jacobsen et en gravit l'escalier interminable qui menait au pas de la porte. Après quelques coups rageurs frappés à la porte, un domestique lui ouvrit et lui demanda d'attendre dans le boudoir. Quelques cinq méniutes s'écoulèrent et la porte s'ouvrit de nouveau, laissant apparaître une silhouette familière.
Siam n'attendit pas pour aller droit au but.

- Bonjour, Jacobsen. Nous ne nous entendons pas depuis un certain temps et je fais avec, mais que tu essaies de coucher avec ma fiancée sans même me le demander, ce ne sont pas des manières !

- Siam ?

Andy regarda fixement son domestique un court instant, perplexe. Qu'est-ce que cet écervelé impulsif pouvait bien lui vouloir ? Ce n'est pas qu'il n'était pas disposé à recevoir de la visite, mais il rechignait un peu à l'idée de recevoir un tel invité. Il adressa un sourire faux à son domestique et se leva, les poings serrés, les veines saillantes sur ses bras dénudés. Il venait de se faire déranger en plein milieu de sa royale toilette. Habituellement, il aurait demandé à ce qu'on foute le visiteur dehors, mais là, c'était Siam. Alors il acceptait de se déplacer rien que pour le plaisir de lui claquer la porte au nez en personne.

Il sortit de sa baignoire en or massif, s'habilla rapidement, d'un pantalon et d'une chemise mal boutonnée, avant de partir en direction de l'entrée pour accueillir le trouble-fête. Il trouvait cela extraordinaire que Siam ait réussi à trouver le chemin pour venir jusqu'ici, c'était impensable. Et pourtant il était bien là. Andy s'adossa contre le mur, fixant son invité indésirable d'un regard vicieux. Sa fiancée ? Il ne se rappelait pas avoir fait du gringue à cette blondasse qu'il trouvait insupportable. Ou peut-être l'avait-il fait juste pour faire chier ce cher monsieur. Il ne s'en souvenait plus.

- Eh bien je vais aimablement te le demander mon cher ami, avec tout le respect que je te dois. Me permets-tu de réaliser des folies que la morale chrétienne réprime en compagnie de ta délicieuse fiancée ? Je t'en saurai gré.

Siam secoua la tête avant de lâcher un soupir. Il croisa les bras afin de se donner contenance, car l'apparence actuelle d'Andy – son corps ne le nierait pas très longtemps – le laissait encore moins indifférent que celle de Morgane.

-Il est triste que je doive me déplacer jusqu'ici pour te demander de me rendre des comptes...

Un souffle. Court. Il reprit physiquement son calme durant quelques dizaines de secondes tandis qu'à l'intérieur de son corps, son coeur, oiseau en cage d'os, battait la chamade.

-Je suis navré cher ami mais je ne puis t'accorder cette permission. J'attendais des excuses et non une demande puisqu'elle n'a plus lieu d'être. Enfin, il aurait peut-être fallu que je le demande directement.

L'attitude d'Andy le décevait mais de toute manière, s'entendre, même se parler à cet instant, constituait un exploit pour eux. Siam était d'ailleurs très étonné qu'Andy se soit déplacé en personne pour lui intimer, d'une politesse hypocrite, de foutre le camp.

-J'aimerais qu'à l'avenir, tu choisisses des arguments sincères pour me faire chier car de mémoire, il ne me semblait pas que tu soies attiré par les donzelles.

L'air sérieux de Siam amusait Andy. Lui ne l'était jamais vraiment. Et ce type qui lui faisait face n'était pas un pigeon parmi tous les autres, c'était son petit favori. Il aurait donné toute sa fortune pour envoyer ce sale con à la potence, et pourtant il ne le faisait pas. Peut-être parce qu'il tenait quand même un peu à son petit luxe et parce que finalement, c'était drôle de se foutre de sa gueule.

- Je vois, c'est regrettable. Dans ce cas à l'avenir, il ne faudra pas venir me reprocher de te faire cocu sans t'en demander la permission.

Non, il était certain qu'il n'avait jamais fait quoi que ce soit avec cette fille. Il n'y avait même jamais songé. Dès qu'il arrivait un truc à Siam, celui-ci devait immédiatement penser que c'était forcément Andy le responsable... il faut dire qu'il endossait souvent le rôle du bel enfoiré qui fait chier le monde. Mais bon. Enfin quoi qu'il en soit, Andy saisissait cette opportunité pour faire en sorte de mettre son ennemi juré le plus mal à l'aise possible.

- Oh tu sais, Morgane m'a fait réaliser que les femmes m'attirent beaucoup plus que je ne le pensais.

Il poussa un rire mauvais, guettant la réaction de Siam, avant de lui tendre la main d'un air faussement aimable.

- Viens donc, tu es mon invité, j'ai un tas de choses à te raconter.

Les yeux de Siam s'écarquillèrent quand Andy prononça le nom de Morgane. Ainsi donc, des petites intimités s'étaient réellement glissées entre ces deux-là. Il aurait une petite conversation avec Morgane, s'il retrouvait le chemin pour gagner Amenthalys car ses crises de jalousie récurrentes n'avaient désormais plus aucun sens.

-Il aurait suffit de demander avant. C'est sûr qu'avec la colère actuelle, je ne risque plus d'accepter. Je l'aurai peut-être fait tu avais pris les devants. Après tout, si tu la satisfais mieux que moi, je n'y peux pas grand chose.

Et malheureusement, il ne doutait pas que les qualités sexuelles d'Andy soient supérieures aux siennes, lui, pauvre puceau. La réaction d'Andy provoqua une violente crispation de ses mains tandis que celle d'Andy s'approchait de lui. Il hésita, devait-il la prendre ? Le suivre ?
Enfin ! Il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien !

-Très bien. Peut-être pourras-tu finalement donner un sens au voyage que je viens de faire.

Andy fut déçu de voir que Siam ne manifestait pas autant de rage et de jalousie que ce qu'il avait prévu. Il n'y pouvait rien ? Mais avait-il vraiment deux couilles celui-là ou quoi ? Andy avait toujours été perplexe sur la question mais il en doutait de plus en plus, maintenant. Il se fit la réflexion qu'il était ÉVIDENT qu'il saurait satisfaire n'importe qui mieux que Siam. Il se forçait toujours à croire qu'il faisait tout mieux que ce type. Il le détestait.

- Rassure-toi mon petit Siam, ce n'est pas ta virilité qui te fait défaut, c'est juste que toutes les femmes d'Amenthalys - et maintenant d'Alzen - se bousculent pour passer une nuit avec moi, c'est bien connu.

Il le regarda de haut en bas avec insistance, le sourire aux lèvres. Puisqu'il avait accepté son invitation, Andy l'attrapa par le poignet avant de l'entrainer dans la salle d'à côté, beaucoup plus luxueuse que la première. Il le jeta violemment sur un canapé avant de s'installer dans son fauteuil, puis il claqua des doigts pour faire venir un de ses domestiques qui accourut dans la seconde. Il lui intima fermement l'ordre de servir à son invité ce que celui-ci voudrait, avant de reposer son regard sur Siam, croisant ses doigts entre eux.

- Alors mon ami, j'imagine que tu meurs d'envie de savoir ce qu'il se passe entre elle et moi...

L'empressement d'Andy le surprit mais après tout, il l'avait dérangé. Il se redressa maladroitement, tentant de prendre contenance alors qu'un domestique lui demandait déjà ce qu'il comptait boire. Siam refusa adroitement le moindre breuvage. Il était l'invité d'un ennemi qui ne manquerait pas de l'empoisonner à la moindre occasion. Ainsi, même si sa bouche était sèche d'angoisse, il se passerait de la moindre goutte.

Il délaissa ses sandales de chasseur de ramener ses jambes à lui pour s'installer en tailleur. Il ne demanda pas la permission à Andy pour dégainer une longue pipe qu'il alluma nonchalamment avant de la coincer entre ses dents, semblant réfléchir.

-Ca m'étonnerait que tu aies le moindre charme auprès des gonzesses d'Amenthalys vu l'opinion actuelle que tu as de Raziel et dont tu ne te cache pas.

C'était bien connu, les demoiselles sans cervelle d'Amenthalys adoooraient les Traqueurs mystérieux. Et les Opaliens puceaux adoooraient les potins de la capitale.
C'était bien connu. Siam tira une bouffée de sa pipe, un sourire aux lèvres.

-Tu me sais obsédé, tu me connais bien. En tout cas, toi, tu sembles mourir d'envie de me raconter ce qu'il se passe entre vous. Soit, raconte moi. Est-ce que tu viens lui tenir compagnie le soir alors qu'elle n'a plus aucun gâteau à manger ? Est-ce que tu viens remplacer la queue d'un innocent ours en peluche, dans la nuit ? Est-ce qu'elle te dévore à toutes les sauces quand j'ai le dos tourné ?

Andy s'offusqua que son invité refuse qu'on lui serve à boire. Il fit un geste de la main à son domestique pour lui indiquer de dégager, fixant Siam d'un regard agressif. Sa seule envie à l'heure actuelle était de lui cramer la gueule. D'autant plus qu'il avait fait préparer un délicieux poison mortel récemment pour le servir à Raziel. À défaut d'empoisonner l'empereur, il avait eut l'idée de le tester sur Siam... mais c'était raté. Il n'allait tout de même pas le forcer à boire quelque chose non plus, ce serait trop flagrant.

Il tenta de garder son calme, après quelques marmonnements dans lesquels il répétait ce que disait Siam. Persuadé de la jalousie évidente de cet irrévérencieux personnage, il rassura son ego et lui adressa un regard supérieur.

- Tu n'es pas à la page Siam, j'ai encore plus de succès depuis que je ne suis plus le toutou de chasse préféré de Raziel. Les jeunes Amenthalysiennes adorent les hommes rebelles. Et les rumeurs sont fausses, voyons... je savais que tu étais pauvre d'esprit mais quand même...

Il poussa un rire mesquin et regarda ailleurs d'un air distrait. Cette pièce était tellement garnie qu'il était simple de trouver quelque chose d'intéressant à regarder. Et comme Andy oubliait l'existence d'au moins la moitié des ornements de ses palais, il les redécouvrait presque quotidiennement. C'était fascinant. Il souriait bêtement.

D'un coup, il s'élança comme un félin sur la table basse en argent qui séparait son fauteuil du canapé, à quatre pattes dessus, et attrapa sèchement la pipe de Siam. Son cerveau avait mis cinq minutes à enregistrer qu'il n'aimait pas cette odeur. Bravo.
Il leva les yeux vers Siam, le regard assombri par ses mèches de cheveux.

- Oui, je te connais bien, précisément parce que je te hais, espèce de sale petite merde.

Il n'en rajouta pas. Que dire sur une relation qui n'existait absolument pas ?

Le regard méprisant que lui lança Andy montra que son hypothèse se révélait vraie. Il ne le faisait rester chez lui que pour se moquer de lui, comme si ses journées se constituaient d'interminables périodes d'ennui...Son attitude était décidément très contradictoire. Ils ne s'étaient pas fréquentés depuis un moment et les quelques minutes qu'il avait déjà passé en sa présence lui avait rappelé pourquoi il haïssait tant cet être abject qui se trouvait en face de lui.

Alors qu'on pouvait lui reprocher son état dépressif, il était difficile de ne pas avouer que sa maladie récente constituait en vérité un rempart envers Andy. C'est ainsi qu'il resta insondable à ses insultes, réprimant un sourire ; si Andy se mettait en colère c'est qu'il lui faisait perdre ses moyens. Son Karnevale lui allait décidément très bien.

-Il est navrant de constater que c'est la vulgarité qui fait mouiller les femmes d'aujourd'hui.

Il lui reprit la pipe qu'il lui avait arrachée, faisant mine de ne pas avoir tenu compte de cet affront. Un volute de fumée s'échappa de la pipe lorsqu'il la reprit entre ses dents, sans consumer les quelques centimètres qui les séparaient à présent l'un de l'autre. Le volute se tortilla sensuellement autour du visage de son adversaire de longue date avant de s'évaporer au dessus de leur tête.

-Si tu me détestes, pourquoi m'invites-tu ?

Sans attendre de réponse, il se redressa avant de se lever. Il considéra brièvement le visage d'Andy qui se trouvait désormais désormais à la hauteur de son ventre,

-Cette rivalité est dommage ; je suis certain que nous aurions fait de très bons alliés.

Mais il était tellement plus distrayant de s'engueuler à longueur de temps, et son ennemi, réincarné en félin, demeurait si sexy lorsqu'il s'énervait !

L'ambiance actuelle mettait Andy mal à l'aise sous son propre toit. Il ne savait pas comment interpréter les réactions et les paroles de Siam et il ne supportait pas que quelque chose lui échappe. Finalement son piège s'était retourné contre lui-même sans qu'il ne l'ait vu venir. Il voulait toujours avoir le dernier mot, surtout avec Siam. Et c'est dans ces moments là qu'il se rendait compte qu'il lui donnait plus de valeur qu'il n'en avait. Non. Il n'en avait pas. C'était juste un sale merdeux. Andy continua de marmonner des insultes à l'encontre de son pire ennemi en montrant clairement son ressenti face à la situation...

- Je sais parfaitement que tu as toujours été jaloux de moi, inutile de le cacher.

Soudain, il se retrouva avec le ventre de Siam en face de sa figure, ce qui eut le don de l'irriter profondément. Il s'accroupit sur la petite table en argent en tortillant ses orteils, signe évident de sa nervosité, se mettant à la hauteur du torse de Siam, avant de lui donner un coup de boule bien senti pour le faire tomber à nouveau sur le canapé. Il récupéra sa pipe une seconde fois, la ramena à ses lèvres. Il se leva, debout sur la table, pour se sentir encore plus haut et encore plus supérieur face à Siam. On ne se moque pas impunément de Andy Jacobsen, abomination.

- Mes domestiques sont d'un ennui mortel. Je veux que tu deviennes mon esclave.

Après avoir soufflé un nuage de fumée sur Siam, il jeta violemment la pipe à l'autre bout de la pièce, et la pointa du doigt d'un air sévère.

- Ramasse !

Lorsque Andy se leva, en proie à un malaise croissant, l'ambiance sembla devenir encore plus pesante. Andy s'ennuyait, parfait, Siam aussi ; à ce stade, il fallait être complètement stupide pour ne pas comprendre que la tromperie de Morgane, qui n'avait bien entendu jamais eu lieu, n'était qu'un prétexte pour s'incruster chez le jeune homme. Si l'égo de Siam s'était racorni durant son triste séjour à l'Internat Psychiatrique d'Amenthalys, celui d'Andy le précédait de plusieurs kilomètres encore.
Evidemment : aristocratie, traqueur, chien de l'empereur, vulgarité séduisante...bien sûr qu'il l'enviait de tout son coeur. Mais ce sentiment était bien vite rattrapé par la haine.

Haine qu'il partageait avec Andy ; pour une fois qu'ils étaient d'accord !
La pipe valdingua à travers le boudoir avant de se cogner violemment contre le mur. Quelques secondes plus tard, elle se fendit, dévoilant un tabac fumant qui se consuma lentement, avant de s'éteindre.

Et Siam éclata de rire. Andy s'attendait certainement à ce qu'il s'enflamma de colère afin de le satisfaire comme une vulgaire bête de foire qu'un esclave surpasserait certainement en terme d'honneur.
Pourquoi ?! Mais pourquoi pas...

Un sourire filtra sur ses lèvres. Le temps d'un souffle, il saisit l'entrejambe d'Andy qui se trouvait désormais à la hauteur de sa poitrine avant de siffler, dans un murmure sarcastique.

- Sinon, quoi...?

Siam avait toujours été le meilleur ennemi de Andy. Mais là il était le premier malade mental qu'il lui ait été donné de rencontrer à oser poser ses sales pattes entre ses jambes. Non, il ne les avait même pas posées, il l'avait véritablement empoigné, menaçant. C'était tellement bas comme acte. Dans tous les sens du terme.

Sans réfléchir une seconde, Andy lui décocha un coup de poing d'une violence sans précédent en pleine figure, le poussant à nouveau vers le canapé, avant de se jeter sur lui pour lui coller une autre droite bien sentie. Dans ce genre de situation il avait tendance à céder très facilement à la provocation. Et là on pouvait dire qu'il avait du répondant.

- Sinon je te fais bouffer des pissenlits par les racines pauvre tocard.

Il était noir de colère. Et cela se voyait sur les veines battantes qui saillaient sur ses mains et sur son front. Siam, il avait envie de le tuer. Plus que n'importe qui d'autre. Sans s'apercevoir qu'il était maintenant à califourchon sur son invité indésirable, il l'attrapa fermement par le col, poussant un grognement presque bestial.

- Je sais pas ce qui me retient de t'exploser la gueule ici et maintenant !

La lèvre en sang, il tenta de se redresser, étouffé par le poids d'Andy qui devait bien le dépasser de quarante centimètres et d'une dizaine de kilos. Il n'avait rien fait pour se défendre, car même son bras revenu ne lui aurait été d'aucune utilité contre le Traqueur. Une larme perla au coin de son œil gauche qui commençait déjà à gonfler. Les tympans battants, il contempla dans un demi sommeil de douleur les veines palpitantes qui rayaient les tempes en feu de son adversaire.

-Tu sais que tu es très sexy, quand tu es en colère ?

Il étouffa un rire nerveux, comme si la mort elle-même était venue lui faire une plaisanterie bien grasse avant de traverser naturellement le mur sans un regard en arrière.

-Ton corps te trahit, espère d'obsédé, tu meures d'envie de me baiser par tous les trous.

Siam était tellement repoussant. Tellement répugnant. Andy resta pantois devant ses remarques, persuadé qu'il s'agissait là de pures moqueries. Ça avait toujours été ainsi. Il n'avait qu'une envie, continuer de le cogner jusqu'à ce que mort s'en suive.

Mais il avait raison. Cette situation avait quelque chose d'excitant. Ce n'était pas ce bouffon en lui-même qui l'attirait, mais plutôt la violence de leur relation haineuse. Étrange. Mais tellement fascinant. Andy écrasa l'entrejambe de Siam à son tour, avant d'attraper son bras pour le mordre jusqu'au sang.

Crève, pourriture.

Une bouffée d'hormones le terrassa tandis que la douleur remontait jusqu'à son cerveau. Il laissa échapper un gémissement et bascula la tête en arrière dans un soupir où se mêlaient douleur et désir. Son cœur fit un tel bond dans sa poitrine qu'il lui coupa le souffle comme un coup de fouet. Alors que les dents d'Andy se plantaient dans son bras revenu, peu sensible mais nerveux, il profita de son déséquilibre éphémère pour le renverser de côté sur le canapé.

La douleur écrasante ne fit que faire bondir davantage ce qui se trouvait entre ses jambes. Il se jeta sur Andy avec la grâce de son Karnevale, si bien qu'il ne sut si c'étaient les dents du félin ou les siennes qui déchirèrent la gorge de l'autre.

Renversé sur le canapé, sa tête se trouva dans le vide, et son corps sur le rebord, prêt à tomber au moindre geste. Et d'ailleurs cela ne se fit pas attendre, puisque Siam venait de planter ses dents dans son cou, produisant une telle surprise qu'Andy perdit totalement l'équilibre et tomba du canapé, pas mécontent d'échapper de l'emprise de l'autre tapette.

Il se leva alors brusquement et lança un regard haineux à son ennemi juré. Il lui donna un nouveau coup de poing bien senti en pleine figure et l'attrapa par les cheveux, avant de le tirer hors du canapé, pour le trainer par terre comme la loque humaine qu'il était. Il lui piétina la figure, riant de sadisme, le regardant de haut comme un pauvre insecte méprisable.

-Putain mais t'a marché dans la merde ou quoi ? Tu shlingues, sale porc !

Il tenta de se redresser sous la force avec laquelle Andy le tirait par les cheveux comme avec une laisse de fortune. A quatre pattes, telle une larve honorant sa condition de hère, il avança derrière Andy – qui devait la facilité à le tirer qu'à la taille de sa queue de cheval – avant de se redresser péniblement et de se jeter sur lui afin de l'envoyer boulet la gueule en plein sur la porte de la salle de bains, entraîné dans sa chute.

Là, il lui décocha un coup de coude dans le dos avant de lui hurler dans l'oreille.

-Et maintenant je fais quoi, je te lèche le cul ?

Andy fut indigné que ce sale porc de Siam ose le frapper. Lui seul avait le droit de tabasser ce petit merdeux, et la réciproque n'était pas valable. Il se releva difficilement en poussant violemment Siam vers l'intérieur de la salle de bain, particulièrement immense et luxueuse.

Il claqua la porte et attrapa son ennemi juré par le col, avant de le trainer vers la baignoire. Il l'avait déjà fait remplir un peu plus tôt dans la journée afin de prendre son bain, mais avait été interrompu par la venue de Siam, et désormais l'eau était probablement glacée.

Il attrapa la tête de Siam et la plongea sous l'eau pour le noyer, le tenant fermement par la nuque.

- Maintenant tu crèves, fils de pute.

L'eau emplissant ses poumons lui fit comprendre qu'il ne lui restait plus très longtemps à vivre. Si toutefois il serait encore capable de penser jusque là. L'eau glacée rafraîchit ses blessures, lui redonnant du courage.

Ses ongles devinrent des griffes, ses cheveux un lourd pelage doré et tacheté. Ses oreilles s'agrandirent, cherchant la surface de l'eau. Son dos se courba et sa colonne vertébrale s'allongea pour laisser paraitre une queue au niveau de ses fesses.

Le guépard jaillit de l'eau, respirant la fraicheur salvatrice de l'air en envoya bouler Andy qu'un violent coup de patte griffue. Abandonnant sa faiblesse, il s'était transformé en bête destructrice qui, délaissant la pensée et la parole n'avait plus qu'une chose en tête ; saisir Andy et s'en servir de repas.

Il bondit sur Andy et le plaqua au sol, avant de lui rendre la morsure qu'il lui avait infligée. Puis il tira, tira.