Serge secoue la tête après avoir cherché dans sa mémoire. C'est un poème dont il a déjà entendu parler mais auquel il ne s'est pas intéressé car...

-Je préfère Verlaine. Sa mélancolie me rassure. Il est violent dans ses pensées, il ne les retient pas, il dit ce qu'il pense. C'est ça que j'aime en lui.

Il avait été attiré par Verlaine notamment par la relation amoureuse et tumultueuse qu'il avait eu avec Rimbaud. C'était un mystère qu'il aimait fouiller de son imagination et de son corps. Il étira un sourire en écoutant les paroles de Caleb.

-N'aimerais-tu pas sentir un autre meuble sous tes doigts ?

Serge se pencha dans sa direction, le peignoir glissant sur l'une de ses épaules, son regard d'obsidienne plongé dans celui de Caleb tandis que la lampe de chevet creusait des ombres mystérieuses dans son visage.

-Tu crois ? Je trouve au contraire qu'il fait plutôt chaud ici...

Il étira un nouveau sourire, espérant le mettre en confiance. Néanmoins, sa phrase ambigü semblait le mettre mal à l'aise. Haussement des sourcils. Il préféra reculer, de peur de le faire fuir - ce n'était pas le but. Il rabattit le peignoir sur son épaule, si cela pouvait le calmer. Remarquant les frissons qui naissaient sur les bras et les jambes de Caleb, qu'il aurait voulu toucher avec autre chose que ses yeux, il attaqua une seconde fois.

-Tu as froid, toi. Tu veux peut-être que je te réchauffe ?

Afin d'appuyer sa proposition, qui dans sa bouche sonnait comme une demande suppliante, il étendit les bras, comme pour lui montrer toute la tendresse dont il était capable.

Heureux de cette proximité, même s'il l'aurait aimée plus prononcée, Serge referma ses bras autour du corps de Caleb qui était plus petit que lui. Avoir réussi à le mettre en confiance était une première victoire. Prochain objectif, le rendre moins coincé du cul, dans tous les sens du terme.

-Ca va mieux ?

Sa propre remarque lui donna la nausée. Il tenta de se concentrer sur autre chose que ce corps brûlant collé contre lui. Une bosse se forma docilement au creux de ses jambes.

Ah non, ah non, ah non. Non, Caleb, c'est pas bien de bouger, reste tranquille mais euh. Noooon.

ERECTION ENCLENCHED

Serge, autrefois si bien, semblait se tendre désormais, comme s'il avait honte de cette réaction. Traître corps ! Lorsque Caleb lui demanda sur quoi il était assis, il répondit tout bêtement.

-Beh, sur mes genoux, pourquoi ?

Il se mordit la lèvre, il n'allait tout de même pas répondre la vérité alors que Caleb semblait vouloir jouer au petit jeu de l'insouciance et de la pureté ? A moins que...qu'il était sincère ? Oh merde, vraiment, il avait mal choisi sa soirée.

Serge se tortilla sur le lit, à la fois rassuré et mal à l'aise. Il ne comprenait pas pourquoi d'ailleurs, lui qui avait pourtant la ferme intention de se réchauffer dès qu'il avait pris la direction de la chambre de Caleb. Il soupira intérieurement, pour ne pas gâcher le plaisir de Caleb. S'il s'endormait, sa soirée était morte. Ils devaient faire la discussion à la base et là Serge servait seulement de somnifère. C'était lui qui n'allait pas bien non mais ! Il se sentit trahi.

De longues secondes, interminables, s'étirèrent, tricotées par un temps démoniaque. Serge baissa la tête en direction de Caleb qui conservait des yeux mi clos. Il bougea, à peine. Caleb ne dormait pas encore.

-Ca te dit de faire l'amour ?

Il désserra son étreinte et, devant la tension que la situation provoquait, préféra éclater de rire. Segr n'était certes ni méchant, ni violeur mais il n'était en tout cas pas romantique - d'où l'utilité d'être pédéraste en fait. Il poussa légèrement Caleb sur le lit, sentant que la situation le mettait plus que mal à l'aise.

Il planta son regard dans celui de l'uke, cherchant une réponse sincère au creux de ses yeux brillants.

-Quoi, tu ne veux pas où tu ne l'as jamais fait ?

Devant l'absence de réponse, il s'exclama.

-LES DEUX ?!

Bien qu'il ne s'attendait pas à la réponse de Caleb, il secoua frénétiquement la tête, une nausée le prenant à la gorge.

-Il est hors de question qu'on fasse quoi que ce soit si tu n'es pas consentant.

Sur ce, il se redressa. Déjà, parce que c'était moins drôle quand la personne d'en face hurlait d'arrêter en pleurant, et ensuite parce que cela le rendait mal à l'aise. Il n'avait jamais pratiqué le viol mais savait pertinemment que c'était loin d'être son truc. Il resserra sa ceinture, réajusta son peignoir d'une manière impeccable, avant de se tourner vers la sortie.

-Je voulais seulement me réchauffer.

Serge soupira, désemparé. Lui, le dominant de la situation, se retrouvait complètement dépassé par les évènements. S'ils restaient, il allaient faire quoi, la causette, comme si de rien n'était ? Il fallait rester lucide, sa demande avait tout changé. Il cessa sa marche en direction de la porte pour tourner la tête en direction de la petite chose qui s'était collée à son peignoir. Ne sachant pas comment s'en défaire, il dé-serra la ceinture de son peignoir et le fit tomber à terre.

Il se retourna alors, en habit d'Adam, les mains sur les hanches, le glaive en l'air.

-Bon alors, on passe aux choses sérieuses, oui ou non ?.

Un courant électrique le foudroya comme la colère de Dieu lorsque Caleb s'empara si sincèrement de lui. Etonné et en même temps satisfait de cette avancée (oui, c'est quand même 20ième post) il se pencha dans sa direction, se demandant ce que Caleb souhaitait faire de cette nouvelle arme.

-Et toi, qu'est-ce que tu veux ?

Toutes les possibilités les plus dégueulasses traversèrent son esprit, y compris celles de farcir Caleb comme un petit pain bien chaud tandis qu'il psalmodiait une prière déchaînée à son encontre..

Ses muscles se tendirent dans une ultime tentative d'accrochement à sa raison défaillante. Le choc le terrassa, tant physiquement que mentalement. Il abattit ses paupières sur ses yeux d'obsidienne fermant la dernière porte qui le raccrochait à la réalité. Le temps tissa une toile de désir dans sa tête, le figeant. Au milieu de la chambre, à walpé, comme dans une crucifixion moderne.

Il se cambra, saisissant du même coup les épaules de Caleb, comme par peur de chuter seul dans le néant de son enfer obsédé. Le rythme de sa mélopée de désir s'accentua, cognant dans sa cage thoracique comme un oiseau qui ne demandait à sortir. La succion le rendit fou. Il sombra dans le noir de ses paupières guidé par les lents mouvements esquissés par la petite chose pendue à son sexe.

L'intensité du plaisir demeurait telle que son arrêt brutal fit l'effet d'une bombe dans son corps. Il redescendit sur terre comme une pierre qui s'écrase sur le sol, la tête engourdie par les souvenirs qui s'effaçaient déjà. Poussant un grognement, il se pencha en direction de Caleb afin de lui demander ce qui lui prenait. Il ne pourrait de toute façon pas l'accuser de ne pas vouloir s'empaler.

Sa réaction fut tout autre lorsque son regard se dirigea sur la cible de celui de Caleb. Il haussa les sourcils, comme s'il s'agissait d'un phénomène surprenant qu'un sage prendrait avec détachement.

-Oh, tu bandes.

Songeant qu'il n'était pas la seule personne dans la pièce, il se baissa, saisit doucement Caleb par le bras et entreprit de le pousser sur le lit. Là, il fit glisser son tee-shirt par dessus sa tête, avant de le chevaucher de sa nudité. .