Karnevale Avenue
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 Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!]

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Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] Vide
MessageSujet: Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!]   Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] EmptyLun 14 Mai - 20:53

[ Sasha Sorokin ]

For all my life I've tried to hide
The animal in me
Now it's time to open up and breath.


identity card


Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] Lalala-1
Nom ▬ Sorokin
Prénoms ▬ Sasha
Surnom ▬ Libre à vous d'en trouver, il en a plein.
Âge ▬ Inconnu
Lieu de Naissance ▬ Alzen
Rang Social ▬ On pourrait le qualifier de nomade.
Sexualité ▬ Euh... incertaine ?
Métier ▬ Scientifique, secrétaire, garde du corps... couteau suisse ?
Habitation ▬ Il se sent chez lui dans tous les labos de l'ARK.

PARTICULARITÉS PHYSIQUES ▬
Son corps tout entier est pour le moins disproportionné, à cause de l'épaisse couche de vêtements qu'il porte constamment, lui faisant aisément dépasser les deux mètres.



i got the power


KARNEVALE ▬
Mass Alchemy : Manipulation Atomique

Un Karnevale énigmatique dont Sasha n'a découvert la véritable étendue que bien des années après l'avoir simplement obtenu. Pour l'expliquer succinctement, disons que Sasha est capable de contrôler le mouvement et la configuration des atomes avec différents degrés de précision lui demandant plus ou moins d'efforts et de concentration. Pour bien les différencier, ils seront ici clairement séparés en catégories, même si des variations mineures peuvent survenir en fonction de la situation.

Catégorie 1 : Manipulation de masse
L'expression la plus grossière du Karnevale de Sasha, et aussi celle qu'il utilise le plus souvent (elle lui permet par exemple de léviter si il le souhaite). Elle ne demande quasiment aucune précision, et Sasha peut s'en servir à volonté. Elle consiste à manipuler le mouvement d'une énorme quantité d'atomes d'un seul coup, sans altérer leur agencement. Cela permet par exemple à Sasha de déplacer et de tordre des objets, d'altérer leur vitesse, leur direction, etc. Elle agit aussi bien sur les solides que sur les liquides et les gaz. La manipulation de masse ne nécessite aucun contact physique, même si sa puissance diminue avec la distance. Même si elle ne demande presque aucune concentration, elle épuise rapidement Sasha, surtout si il manipule des objets extrêmement massifs, et peut donc s'avérer dangereuse pour lui comme pour ses alliés en cas d'utilisation trop soutenue.

Catégorie 2 : Transformation physique
Un procédé déjà bien plus complexe que le précédent. Sasha s'attaque ici à la disposition des atomes, mais sans modifier leurs propriétés chimiques. Pour faire plus simple, cette manipulation consiste bien souvent à rassembler ou à séparer des molécules de même nature, ce qui mène à des phénomènes bien connus : Évaporation, solidification, liquéfaction, etc. Elle permet donc également d'augmenter ou de diminuer la température de la matière, à un rythme relativement lent (pas question de faire bouillir de l'eau glacée en deux secondes et demie donc). Contrairement à la première catégorie, cette manipulation nécessite un contact physique CONTINU entre Sasha et sa cible, une concentration ininterrompue et un laps de temps qui dépend encore une fois de la masse de l'objet ciblé, mais qui ne dure généralement pas moins de trente secondes. L'épuisement qui en résulte est moindre que pour la première catégorie, même si toujours présent.

Catégorie 3 : Transformation chimique
Le paroxysme de la maîtrise actuelle du Karnevale de Sasha. Il l'utilise généralement dans le cadre d'expériences de l'A.R.K., enfermé dans un labo, car il demande une concentration intense et continue pendant parfois plusieurs heures. Il lui permet entre autres d'obtenir facilement des produits chimiques qu'il aurait été très difficile d'obtenir par des moyens traditionnels. Ce procédé ne provoque aucun épuisement particulier, mais demande un grand investissement mental.

A noter que si Sasha persiste à utiliser son pouvoir dans un état de grande faiblesse physique ou mentale, il deviendra incapable de le contrôler et basculera dans un état mental familièrement appelé « Mode Berzerker ». Sous cet état, Sasha peut utiliser son Karnevale quasiment sans aucune restriction de temps et de complexité (les autres condition d'utilisation s’appliquent toujours). Malheureusement, les effets indésirables sont très nombreux. Premièrement, le Karnevale de Sasha agit en permanence autour de lui, fissurant le sol et créant une petite tornade de débris (comme du verre, du sable, des cailloux, de la poussière, du métal, etc.) dans un rayon de trois mètres, ce qui peut provoquer des dommages collatéraux et s'avérer dangereux pour d'éventuels alliés.
Deuxièmement, Sasha n'est plus du tout conscient de ses actions. Il peut tout aussi bien attaquer un ennemi qu'un allié voire qu'une personne innocente. Il a d'ailleurs du mal à se concentrer sur une seule cible et peut changer spontanément d'adversaire, ayant tendance a délaisser ceux qui s'enfuient pour se concentrer sur la contre-attaque.
Troisièmement, Sasha est extrêmement stupide sous cette forme, utilisant souvent des attaques simples et peu précises. Il se contentera surtout de bloquer les coups. Si son adversaire insiste, Sasha pourra toutefois se montrer de plus en plus ingénieux.
Le mode Berzeker se « désactive » de lui-même si aucune nouvelle menace ne se présente pendant un certain laps de temps.
Finalement, une fois que Sasha sortira du Mode Berzerker, le contrecoup physique à payer pourra être extrêmement élevé en fonction du temps écoulé, pouvant facilement aller jusqu'au coma de plusieurs jours, voire même la mort après des heures passées en Berzerker.

ARMES
Un simple pistolet automatique de secours, au cas où.

ÉQUIPEMENT
La seule chose que Sasha porte continuellement sur lui, c'est une petite quantité de petites puces agrippantes -généralement deux ou trois- qu'il suffit de fixer n'importe où sur son corps pour désactiver son Karnevale pendant environ deux secondes, ce qui suffit à lui faire reprendre conscience en cas de perte de contrôle. Ces puces ne peuvent être activées qu'une unique fois avant de devenir inutilisables, simple mesure de sécurité en cas de vol.
Sasha est incapable de les utiliser lui-même dans les situations qui le nécessitent, il a donc habitude de les confier à d’éventuels alliés pour prévenir tout danger.



try to rule the world


CARACTÈRE ▬
Difficile de percevoir ce qui se cache véritablement derrière le masque. Même pour une grande majorité de ses camarades de l'A.R.K. , la personnalité véritable de Sasha reste un mystère plus ou moins dense, tant son comportement peut présenter d'ambivalence.
Au premier coup d’œil, Sasha est ce qu'il semble être : Une armure sans vie, une enveloppe de fer froide et silencieuse. En effet, la plupart du temps, il demeure dans une profonde taciturnité, et la plupart des gens qui le rencontrent pour la première fois peuvent facilement être amenés à croire que Sasha n'est pas humain, mais une expérience de l'A.R.K. visant à créer un androïde, ou tout autre être synthétique issu de la science-fiction.
Ils se rendent bien vite compte que la réalité est tout autre quand celui-ci les fait sursauter d'un mouvement brusque ou d'un lourd raclement de gorge avant de s'éloigner en haussant les épaules.
À première vue donc, Sasha est l'incarnation du calme, du sérieux, et de la rationalité. Il n'est pas aussi peu enclin au dialogue qu'on pourrait le croire, mais il a tendance à ne prendre la parole qu'au terme d'une mure réflexion. Il s'exprime toujours avec une grande courtoisie et une grande modestie, et sait où se trouve sa place dans la hiérarchie de l'A.R.K.
Son bon sens contraste avec les différents degrés de folie dont ses collèges font pour la plupart preuve et dont il subit souvent les retombées, qu'il endure avec toute la patience du monde.
Mais ne vous fiez pas aux apparences. Même si l'affection qu'il porte pour ses camarades de l'A.R.K. est bien réelle, l'oreille avisée peut déceler tout un tas de sous entendus menaçants derrière ses paroles humbles, et les personnes qui le connaissent bien finissent bien vite persuadées que le masque cache continuellement un sourire inquiétant, narquois, presque carnassier, et que son corps tout entier dégage une aura emplie de perfidie et d'animosité.
Face à une personne qui le répugne, Sasha fait preuve d'un sadisme incroyablement froid et calculateur, qui se traduit quasi-systématiquement par une torture méthodique, destinée a provoquer le plus de souffrance possible, qu'il n'a aucun mal à exercer, soit physiquement, en combinant les formidables possibilités octroyées par son Karnevale et sa connaissance scientifique du corps humain, soit verbalement, domaine dans lequel il excelle tout autant. Malgré tout, ce sadisme ne semble lui procurer aucun plaisir, tant il se fait plus sombre et plus silencieux qu'a l'ordinaire lors de ces démonstrations de cruauté.
Enfin, lorsque la puissance de son Karnveale lui échappe, Sasha se transforme en une bête dépourvue de la moindre raison, incapable de produire d'autre sons que des hurlements rauques et caverneux.

PHOBIES
...La rouille.




who are you ?


Pseudo ▬ Disons Void (wâââ kitsch.)
Âge ▬ 19
Moyenne de connexion ▬ 7/7
Niveau de RP ▬ Plutôt bon. (ne prenez pas la longueur de cette fiche pour référence, j'ai mis plus d'un mois pour la faire)
Multicomptes ▬ Nopenopenopenope.
Comment avez vous connu le forum ▬ J'étais sur l'ancien forum, sous les comptes de Drake Lowenhart et Senda Crimson.
Avez vous bien lu le règlement ? ▬ [OK]
Personnage sur l'avatar ? ▬ Izanagi de Persona 4
Autres ▬ Euh. Désolé pour le pavé ? Lisez quand-même, siouplé ? Non, reveneeeez !

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Invité


Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] Vide
MessageSujet: Re: Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!]   Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] EmptyLun 14 Mai - 20:55

once upon a time


BIOGRAPHIE ▬
Prologue

Il serait plutôt futile de vous raconter la majeure partie de ma vie, car celui que je fus par le passé n'a plus grand chose à voir avec celui que je suis aujourd'hui. Et ce changement radical n'est pas de mon fait. Car je n'ai jamais vraiment eu le choix. J'ai simplement fait ce que j'avais à faire.
Mon enfance était sans intérêt. Vraiment. Je veux dire par là qu'elle n'a rien de particulier quand on la compare à celle de n'importe quel quidam. Aucun événement traumatisant, aucune tragédie ne vint la troubler. De la même manière, aucune heure de gloire, aucun triomphe retentissant ne vint m’élever au dessus de la populace d'Alzen. Comme la majeure partie de mes congénères, je fus animé par une soif intarissable de connaissances, et je me lançai dans des études puis dans une carrière scientifique. J'aimais mon travail, ma vie et mes amis, en bref, j'étais heureux de cette existence stéréotypée que je menais, et je mentirais si j'affirmais que je ne la regrette pas aujourd'hui.
J'obtins mon Karnevale assez tôt, vers mes onze ans, mais c'était un outil que je maîtrisais mal. Ce pouvoir, pourtant d'une utilité incontestable, je tentai de le dompter en vain pendant quelques années. Malgré tous mes efforts, il semblait désobéir a mon esprit, n'en faire qu'à sa tête, comme si il s'agissait d'une entité vivante, consciente, qui se tordait dans les tréfonds de mon cerveau pour essayer d'en sortir. Chaque tentative entraînait des accidents mineurs et totalement involontaires, et devant l'impossibilité d'utiliser ce don correctement, je l'abandonnai purement et simplement, oubliant bien vite les regards envieux que j'avais l'habitude de lancer a ceux qui maîtrisaient leur Karnevale avec brio, tandis que moi, faisant pourtant partie des élus de ce fameux don, étais incapable d'en profiter.
Ma vie continua, mon pouvoir s’empoussiérant dans ma tête jusqu'à ce que j'en oublie l’existence même. Mais bien des années plus tard, elle me fut rappelée par la personne qui allait faire basculer ma vie.
Cette personne, il s'agit de ma seule et unique fille, Eleanor.
Ne vous méprenez pas. Sa naissance fut l'un des événements les plus heureux que j'aie jamais vécus. Les souvenirs des moments passés auprès d'elle durant son enfance sont ceux que je chéris le plus. Jamais je n'aurais pu envisager que tout cela basculerait aussi tôt...

ACTE I

Scène 1

Elle aussi fut dotée d'un Karnevale, qui s'éveilla encore plus prématurément que le mien, dès ses dix ans. Mais ce pouvoir n'avait rien, absolument rien d'un don.
C'était une malédiction.
Encore aujourd'hui, je n'en ai pas encore complètement compris la nature. Tout ce que je peux affirmer, c'est que cette... chose possédait une puissance bien supérieure à tous les autres Karnevales que j'aie jamais vus. Normalement, lorsqu'un Karnevale émerge pour la première fois, il est faible, presque imperceptible, et la plupart du temps complètement inutile. Pas celui-ci.
Je me souviens encore de ce jour. J'étais à la maison, travaillant sur un dossier quelconque, tendis qu'Eleanor était censée dormir dans sa chambre.
Elle a hurlé soudain, avec toute la force que ses poumons pouvaient produire. Presque immédiatement, un autre son déchira mes tympans. Un son extrêmement aigu, à peine audible, s’amplifient continuellement jusqu'à devenir insupportable. Je n'arrivais pas a déterminer sa provenance, comme si il était émis par mon propre cerveau.
Je m'étais levé, mais bien vite je me retrouvai incapable de bouger, le crane enserré dans mes mains. J'étais persuadé -j'avais la sensation- que ma tête était sur le point d'exploser.
Le sol vibra et les vitres du bâtiment tout entier volèrent en éclats, suivies de celles des bâtiments adjacents. Luttant contre l'évanouissement, je me dirigeai vers la chambre de ma fille.
À chaque fois que je pensais que le son ne pouvait pas être plus puissant, il s'amplifiait, encore et encore. Et d'un seul coup, plus rien. Je n'entendais plus rien.
Ni ce son destructeur, ni la voix de ma fille, ni mes propres pas ou même ma respiration. Du sang coulait des mes oreilles et de mon nez, ma vision se brouillait. Même si je ne percevais plus rien, ma douleur restait bien présente.
Puis tout s'arrêta véritablement. Le plancher cessa de trembler et la douleur aiguë qui me tordait le cerveau s'estompa quelque peu, laissant place à une douleur lancinante, moins intense. Je pénétrai enfin dans la chambre, préparé au pire.
Eleanor était étendue sur son lit, comme si elle dormait, comme elle était censée le faire. Je l'ai crue morte, mais ce n'était pas le cas. Sa respiration était calme et régulière, et contrairement à moi, elle ne saignait pas. Elle semblait aller parfaitement bien, si ce n'est qu'elle était inconsciente et qu'il me fut impossible de la réveiller.
Elle fut conduite à l’hôpital à mes côtés. Apparemment, mon cas les préoccupait plus que le sien. Elle se réveilla quelques heures après son admission, et aucun des examens auxquels elle eut droit ne put déceler le moindre problème de santé.
Mes symptômes, en revanche, étaient très clairs. Hémorragie intra-cérébrale, heureusement relativement bénigne. J'eus de la chance d'en ressortir en vie.
Les mois passèrent. J'avais caché la nature de l'incident à Eleanor, qui n'en gardait aucun souvenir, pour éviter qu'elle ne se sente coupable et qu'elle s'inquiète. Mais son cas me préoccupait. La plupart de mes confrères scientifiques, avec lesquels je n'avais pas manqué de discuter de ce phénomène singulier, ne me furent d'aucune aide, même si il éveillait en eux une curiosité toute naturelle.
Les recherches que je menais de mon côté n'aboutissaient à rien. Il faut dire que j'étais en possession de bien trop peu d'éléments pour parvenir à un quelconque résultat. Je tâtonnais dans le vide.
Mais ce que je n'avais pas osé redouter changea la donne : L'incident se reproduisit. Contrairement à la première occurrence, j'étais absent des lieux, travaillant inlassablement au labo. Malheureusement, les conséquences ne furent pas non plus les mêmes.
Cinq personnes se trouvaient près l'Eleanor à ce moment là.
Cinq personnes qui n'ont pas eu autant de chance que moi.
Cinq ruptures d'anévrisme.

Et là, comme par magie, l'incident ne passa pas inaperçu aux yeux de la communauté scientifique. A peine Eleanor se réveilla t-elle de son long évanouissement qu'elle fut placée en garde à vue pour homicide. Les journalistes et les scientifiques se bousculaient au portillon, exigeant des explications.
Mais elle ne savait rien, elle ne comprenait rien, elle était perdue. Elle en ressortit traumatisée.

Scène 2

Je me portai garant de l'innocence de ma fille. L'explication, c'était moi et mes collègues qui la trouveraient.
À partir de ce jour, Eleanor fut cantonnée au labo, dans une cellule d'isolement dont j'avais moi-même assuré le confort. Elle passait la majorité de ses journées assise sur une chaise, des électrodes recouvrant son crane. Et je passais la majorité des miennes assis devant un écran, tentant coûte que coûte de trouver la solution.
Le phénomène se reproduisit plus d'une fois, mais l'enceinte de la cellule d'isolement nous en protégeait parfaitement. Le simple fait de savoir qu'elle ne ferait plus de mal à personne rassurait profondément ma fille. Elle était attachée à la majorité du personnel -et réciproquement- et se sentait plutôt à l'aise au sein de ce qui se présentait comme sa nouvelle maison.

Avant de résoudre le problème, il fallait en découvrir la nature. Fort heureusement, nous n'avons pas éprouvé trop de difficultés à comprendre ce qui clochait chez ma fille.
Son Karnevale était d'une instabilité encore jamais observée auparavant. Dans mon cas, mon Karnevale se manifestait correctement, mais désobéissait à ma volonté, causant des incidents que je n'avais jamais eu l'intention de provoquer. Le problème de ma fille était d'un tout autre niveau, bien supérieur.
On aurait pu croire que son Karnevale avait rapport à une quelconque forme d'ondes sonores ou électromagnétiques. Il n'en était rien. En réalité, son Karnevale était tellement instable qu'il ne parvenait même pas à prendre une forme concrète, se manifestant par des ondes psychiques complètement désordonnées, dont la puissance, l'intensité et la fréquence fluctuaient quasi-aléatoirement, indépendamment de la volonté d'Eleanor. Elle ne pouvait même pas -contrairement à moi- choisir d'utiliser son pouvoir ou non. Tel un tremblement de terre, il s'agissait d'un fléau meurtrier, imprévisible et incontrôlable.
Toutes les solutions que nous avions envisagées se sont soldées en pratique par des échecs. Nos tentatives de stabiliser ce Karnevale monstrueux étaient vaines. Dans un dernier recours, nous décidâmes alors de supprimer purement et simplement le Karnevale.
Cette solution désespérée se manifesta sous la forme d'une petite puce électronique, fruit du summum de nos connaissances en matière de Karnevale. Implantée sous la peau d'Eleanor et reliée directement à son système nerveux, elle neutralisait le pouvoir en transmettant des signaux électriques directement au cerveau.
Notre succès fut... mitigé. Eleanor cessa d'être une bombe a retardement, son Karnevale cessant de se manifester.
Mais même si nous avions réussi à mettre ce pouvoir en cage, il ne cessait d'en frapper les barreaux. Les crises de ma fille, bien qu'inoffensives à partir ce ce moment là, ne cessèrent pas. Terrassée par des maux de tête de plus en plus violents et réguliers, elle tombait dans le coma pendant des périodes qui ne cessaient de se prolonger, allant parfois jusqu'à durer plus d'une journée. Désorientée et terrassée par une faiblesse psychologique grandissante, elle fut néanmoins autorisée par les autorités à rentrer chez elle.

« Félicitations, mesdames et messieurs. »

Mais à mes yeux, nous n'avions encore rien accompli.

Scène 3

Je passai les mois qui suivirent à chercher la substance miracle que nous n'étions pas parvenus à trouver, quelque chose qui permettrait au Karnevale d'Eleanor d'être pleinement contrôlable. Qui sait, une telle solution miracle pourrait fonctionner pour moi aussi...
Mais je pataugeais. Mes recherches étaient purement individuelles, même si je recevais de temps en temps le soutien de mes collèges qui éprouvaient de la compassion pour ma fille. Je ne pouvais pas les blâmer : ils m'avaient déjà beaucoup aidé, et avaient leurs propres travaux à conduire, leurs propres vies à vivre.
Pendant tout ce temps, ma fille vivait l'enfer. Sa scolarisation était devenue impossible, et elle ne pouvait même pas profiter de la compagnie d'autres enfants de son age. Elle restait à la maison, constamment surveillée pendant mon travail au labo, pour s'assurer qu'une de ses crises ne tourne pas mal pour elle. Elle ne pouvait même pas me voir moi, étant donné que je passais la majorité de mes journées à travailler. Mais elle comprenait mes absences, elle savait que je faisais cela pour son bien. Elle me faisait confiance.
Mes recherches avançaient lentement mais sûrement, jusqu'au jour où une escouade de soldats impériaux débarqua dans le laboratoire. Je ne parvenais pas à comprendre le motif de cette irruption. Il fut largement éclairci lorsque ils pointèrent les canons de leurs armes sur nous. Leur capitaine, un grand blondinet propre sur lui, à l'air arrogant et arborant un sourire satisfait, s’avança :

« Serguei Sakharov a été accusé de conspiration vis à vis des rebelles Karnevaliens. Par conséquent, tous les scientifiques placés sous sa supervision sont immédiatement démis de leurs fonctions. L'intégralité de vos travaux sont réquisitionnés. »

Je ne pouvais pas accepter une telle chose. C'était impossible. Tout ce pour quoi je m'étais battu depuis des mois s'envolait en fumée. Je voyais ma fille mourir sous mes yeux.
Dans un éclair de rage, je me jetai sur eux en poussant un cri inhumain. Mais face à des dizaines d'hommes armés et entraînés au combat, toute la rage du monde ne pouvait pas compenser un Karnevale caduque et une faiblesse physique propre à tout bon scientifique. J'étais a terre quelques secondes plus tard, écrasé par les bottes de trois soldats impériaux, leurs canons pointés sur chacune de mes tempes. Le capitaine se pencha vers moi, me toisant d'un air narquois.

« Très impressionnant de votre part, professeur Sorokin. Cet acte de bravoure incontestable va vous valoir un traitement de faveur. »

Sur ces mots, deux des soldats qui m'avaient mis au sol me relevèrent brutalement, me tenant chacun par une épaule, pendant que le troisième me tenait fermement en joue.

« Tout d'abord, nous allons vous trouver un logement approprié. »

À mon grand étonnement, contrairement a mes collègues et aux soldats qui les accompagnaient, nous ne nous sommes pas dirigés vers la sortie. Au contraire, nous nous sommes enfoncés dans les profondeurs désertes du labo. Le capitaine ouvrait la marche, ses mains gantées dans le dos, jetant des coups d’œil amusés autour de lui au fur et à mesure qu'il découvrait les locaux.
Il stoppa sa marche au niveau le plus bas, plusieurs dizaines de mètres sous la surface d'Alzen. Sans se retourner, il leva simplement une main.

« Stop. »

Mes gardes cessèrent immédiatement tout mouvement. Le capitaine dirigea son index vers une porte.

« Je pense que cet endroit sera tout à fait convenable. »

L’endroit en question était sombre et j'étais encore sonné, c'est pourquoi je ne l'ai pas reconnu immédiatement. La lourde porte métallique s'ouvrit dans un souffle, et je fus jeté sans aucun ménagement dans la pièce qu'elle scellait.
C'est alors seulement que je réalisai où je me trouvais. C'était la cellule où ma fille avait vécu pendant des mois. Ma fille.
Le capitaine entra à ma suite, sans se presser, examinant les lieux avec un sourire moqueur.

« Un ameublement de très bon goût. Ce sera parfait. Après tout, professeur Sorokin, vous n'êtes pas n'importe qui. Je veux m'assurer personnellement de votre confort. Car voyez-vous... »

Ses yeux bleus, glacés, se fixèrent sur moi, fournissant un contraste glauque avec son rictus qui se faisait plus large encore.

« Vous allez vivre dans cette cellule à partir de maintenant. »

Ces dernières paroles résonnèrent dans ma tête alors qu'elle était encore occupée par la pensée de ma fille, provoquant le sentiment d'horreur le plus intense que j'aie jamais ressenti jusqu'alors. J'aurais pu protester, mais je ne trouvais pas mes mots, je ne savais pas quoi dire. J'avais la bouche sèche.

« Mais nous avons encore quelques préparatifs à remplir. En attendant, vous allez dormir. »

Avant même que j'aie pu le réaliser, la semelle d'une botte militaire s'abattit sur mon visage, et je sombrai dans l'inconscience.

Scène 4

J'ignore combien de temps s'était écoulé avant mon réveil, mais lorsque j'ouvris les yeux, la pièce était brillamment éclairée. La porte était verrouillée et l'insonorisation parfaite, par conséquent j'ignorais totalement ce qui pouvait se passer en dehors. Une voix retentit alors depuis les haut-parleurs dispersés dans la pièce. Ça, je m'y attendais. Si ils m'avaient enfermé ici, autant utiliser tout l'équipement à leur disposition.
Ce à quoi je m'étais attendu, c'était à ce que la voix qui accueillit mon réveil soit celle du capitaine impérial. Mais ce n'était pas le cas. C'était une voix féminine, qui m'était totalement inconnue. C'était une voix calme et sèche, qui représentait pour moi un agréable changement au ton froid et dégoulinant d'arrogance du capitaine.

« Vous vous êtes réveillé juste à temps, Professeur. Nous allons vous prendre en charge. »

Je n'eus pas à patienter longtemps avant que la porte de ma cellule s'ouvre. Quatre personnes entrèrent.
Deux soldats quelconques, leurs armes à la main, tout d'abord.
Derrière eux, ce bon vieux capitaine, accompagné d'une femme. Je me doutais qu'il s'agissait de la même femme que celle qui m'avait parlé quelques minutes plus tôt. Intuition. Qu'elle confirma en prenant la parole.

« Avant toute chose, permettez-moi de me présenter, professeur Sorokin. Helena Meister, professeur également, mais je dois avouer que je me sens prétentieuse d'évoquer ce titre face à vous. »

Le professeur Meister était une jeune femme plutôt quelconque qui semblait avoir à peu près mon age, soit la trentaine. Cheveux bruns mi-longs, yeux de la même couleur, surmontés de lunettes discrètes qui reflétaient néanmoins brillamment la lumière. Son visage était dur, inexpressif, traduisant un sérieux inébranlable. Elle n'adoptait pas ce qui semblait être la nouvelle mode vestimentaire du labo, et au lieu de porter un sombre uniforme militaire, elle arborait une longue blouse blanche, à la poche pectorale pleine de stylos soigneusement classés par couleur. Dans sa main gauche, elle tenait un porte documents placé contre sa hanche.
Elle m'inspira immédiatement une certaine confiance, sans doute parce que son attitude me rappelait celle de certains de mes anciens collègues. Je ne me faisais pas vraiment d'illusions, toutefois.

« Je ne peux qu'imaginer la confusion qui doit vous tourmenter en ce moment. Je vais donc tâcher d'expliquer la situation, si vous le voulez bien. Actuellement, ce laboratoire a été saisi par une équipe scientifique sous les ordres de l'Empereur lui-même. Je suis celle qui dirige cette équipe. Nous avons saisi vos travaux et ceux de vos collègues, et sommes en train de les étudier en ce moment même. Je reconnais qu'ils sont passionnants, professeur. Bien au delà de tout ce que j'ai moi-même réussi à accomplir. Quant au capitaine Franz Meister présent ici-même, il est chargé de superviser nos recherches. C'est notre intermédiaire avec l'Empereur, si vous voulez. »

Meister. Ils partageaient le même nom de famille. Mari et femme ? Frère et sœur ? Cousin et cousine ? Je ne pouvais le deviner.
Pour la première fois depuis notre rencontre, je pus avoir une vue claire du capitaine Meister. C'était un homme de grande taille, sans doute pas loin de la quarantaine, aux cheveux blonds laqués, plutôt courts et soigneusement coiffés en arrière. Ses yeux perçants était d'un bleu extrêmement clair, qui pouvait paraître gris sous une lumière vive, et toujours légèrement plissés, surmontés d'une paire de sourcils fins, froncés en permanence. Son nez était long, étroit, et légèrement aquilin, et sa bouche était en permanence étirée en un rictus qui ne découvrait que légèrement ses dents d'un blanc presque surnaturel.
Son visage pâle, prématurément ridé et aux traits anguleux semblait avoir été taillé dans la glace, et tout son être clamait une froideur extrême, doublé d'une cruauté et d'un sadisme sans précédent.
Il adoptait toujours la même attitude : Droit, les mains dans le dos. Il avait bien un revolver à la crosse soigneusement gravée qui dépassait d'un étui à sa ceinture, mais il s'agissait sans doute d'une arme d'apparat, étant donné qu'il ne semblait jamais disposé à s'en servir, ses molosses tenant en joue toute menace éventuelle sans même qu'il n'aie à lever le petit doigt.
Je pris la parole pour la première fois depuis longtemps, m'adressant à Helena, qui semblait être la seule personne qui semblait un tant soit peu se soucier de mes préoccupations.

« Et qu'est-ce que l'Empereur espère obtenir en saisissant un laboratoire qui lui appartenait déjà, de toute façon ? En quoi ces travaux l'intéressent ? »

Helena jeta un coup d’œil interrogateur au capitaine. Celui-ci resta silencieux quelques secondes, avant de hausser les épaules, sans quitter son ignoble sourire.

« Il n'y a pas d'intérêt à se cacher quoi que ce soit, entre personnes destinées à ne plus se quitter... »

Ignorant cette provocation à peine voilée envers moi, elle continua :

« Comme nous vous l'avons dit, l'Empereur n'a plus confiance envers le chef de vos travaux, Serguei Sakharov, qui est soupçonné de vendre ses résultats aux rebelles. On nous a donc demandé de prendre le relais. Et vos travaux sur le Karnevale représentent un intérêt certain aux yeux de l'Empereur. Améliorer la puissance de ses traqueurs serait un atout non négligeable pour lui. Et c'est bien pour ça qu'il souhaite que cet atout soit précieusement conservé. Tombé entre les mains des rebelles, il représenterait une menace sans équivalent. »

J'aurais du m'en douter. Mais il y avait encore une chose que je ne parvenais pas à comprendre. C'était même la plus primordiale des questions, à vrai dire.

« Qu'est-ce que vous attendez de moi, au juste ? Vous avez besoin de mon aide dans vos recherches ? »

Le professeur ouvrit la bouche pour répondre, mais fut interrompue par un léger rire aigre. Le capitaine Meister s’avança légèrement vers moi en secouant la tête. L'idée qu'une autre personne que lui dans un rayon d'un kilomètre puisse faire preuve d'orgueil devait profondément l'amuser.

« Non, professeur Sorokin, nous n'avons pas besoin de vous. Pas pour ça, en tous cas. Mon équipe scientifique est parfaitement capable de se gérer toute seule, je vous l'assure. »

Je tournai un regard interrogateur vers Helena, qui resta muette. Ses yeux, perdus dans le vague, se plissèrent légèrement. Même si elle n'était pas autorisée à me le dire, elle connaissait le sort qui m'était réservé, et cette seule idée lui était désagréable. Le capitaine fit un geste discret, presque imperceptible, de la main.
Un des deux soldats me plaqua au sol, si brusquement que j'en eus le souffle coupé. Pendant qu'il me tenait, son collège m'enfonça une seringue dans le cou avant d'en injecter l'intégralité du contenu. Accablé par la douleur, je réussis à siffler entre mes dents :

« Qu'est-ce que vous... Foutez...? »

Les bottes du capitaine se plantèrent devant moi. Sans se baisser, il me susurra :

« Vous allez vite comprendre ce que nous attendons de vous, professeur. »

FIN DE L'ACTE I

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Invité


Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] Vide
MessageSujet: Re: Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!]   Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] EmptyLun 14 Mai - 20:57

once upon a time


BIOGRAPHIE ▬
ACTE II


Scène 1

La suite de cette merveilleuse histoire, Sasha n'en a quasiment aucun souvenir. Deux années de sa mémoire lui ont été dérobées. Oh, détrompez-vous, il n'a pas oublié à proprement parler. Ce n'est pas vraiment le trou noir, plutôt un tourbillon confus d'image floues. D'images que son cerveau essaye en vain d'oublier.

À partir de la première piqûre, Sasha à cessé d'exister.

Enfin, c'est ce qu'il aurait souhaité.

C'est donc moi qui vais prendre le relais. Parce que je me souviens parfaitement de cette période, qui, contrairement à Sasha, m'a beaucoup profité. Mais concentrons-nous à nouveau sur le principal intéressé, voulez-vous ?

Très vite après cette piqûre vient la douleur. Une douleur qui allait devenir extrêmement familière.
Quel était ce produit ? Il s'agissait d'une substance que Sasha lui-même avait conçue. Il l'avait conçue pour sa fille. Mais il ne l'avait jamais utilisée, car ses effets secondaires étaient insurmontables. Ces mêmes effets que Sasha était en train de subir à ce moment là.

Chaque nerf de son corps le faisait effroyablement souffrir. Il avait l'impression d'avoir pris feu. Sa tête lui semblait sur le point d'exploser, et tambourinait sur les parois de son crane avec une force désespérée, comme un gosse qu'on aurait enfermé vivant dans un four crématoire et qui essayait en vain de sortir en sentant la température monter. Oui, c'est atroce. Et c'est ce qui en fait une comparaison particulièrement appropriée.

Et cette douleur ne cessa pas. Elle dura, encore et encore, pendant des heures. Sasha hurla, au début, tellement fort que le son arrivait à percer les murs de la cellule insonorisée et à résonner dans le laboratoire. Mais ses hurlements ne servaient qu'à le faire souffrir plus encore. Personne n'allait le prendre en pitié. Alors après la première heure, il cessa de hurler.
Il restait immobile et silencieux, par terre, le corps parcouru de spasmes. Des larmes coulaient de ses yeux vitreux.
Lorsque la douleur s'estompa quelque peu, on estima approprié de lui apporter un repas. Il fallait bien qu'il survive, après tout. Déterminé a ne pas se laisser mourir malgré la douleur, il rampa du mieux qu'il pouvait vers le plateau posé au sol devant la porte et tenta d'ingurgiter quelque chose. Le contenu de son estomac se répandit presque immédiatement au sol.
Et alors que la douleur devenait supportable, une vingtaine d'heures plus tard, un soldat entra à nouveau dans la pièce et lui administra une nouvelle piqûre. Et la douleur repartit de plus belle.

Scène 2

Ce manège dura trois jours, pendant lesquels Sasha fut incapable de dormir, et à peine de manger et de boire. À l'issue du troisième jour, le soldat qui venait habituellement administrer la piqûre journalière n'avait pas de seringue. Il leva Sasha de force avant de le conduire dans le couloir jusqu'à une grande salle de test, où l'attendaient le capitaine Franz Meister et son assistante et sœur, mademoiselle le professeur Helena Meister.
Le capitaine afficha un rictus encore plus jubilatoire qu'à l'ordinaire lorsque Sasha apparut devant lui. Il avait l'air sincèrement ravi.

« Bien dormi, professeur ? »

Sasha leva les yeux vers lui mais ne trouva même pas la force de répliquer.

« J'ai un marché à vous proposer. »

Il sortit l'une de ses mains de son dos, révélant une petite seringue qu'il tenait entre ses doigts.

« Si vous parvenez à le remplir, cette petite récompense sera pour vous. C'est un puissant antalgique. Je suis sur qu'il rendra vos nuits bien plus supportables. Qu'en dites-vous ? »

Malgré la douleur, encore bien présente, Sasha laissa échapper un rire horriblement rauque qui s'évanouit bien vite. Sa bouche se tordit en ce qui semblait être un sourire de défi.

« Vous êtes vraiment un pauvre abruti, Franz. Vous pensez sérieusement que je vais me laisser tomber dans un stratagème aussi criant de banalité ? »

La familiarité de Sasha ne fit même pas sourciller le capitaine. Au contraire, son rictus s'élargit. Il replaça la seringue derrière son dos.

« J'en suis persuadé, professeur Sorokin. Et même si vous ne semblez pas franchement déterminé, je vais tout de même vous donner l'occasion de remplir ce marché, au cas où vous voudriez changer d'avis. Sait-on jamais. Ce que je vous demande est très simple, à vrai dire. »

Une porte s'ouvrit à l'autre bout de la grande salle. Un homme flanqué de deux soldats en sortit.
C'était un homme tremblant, vêtu de haillons, et retenu par des chaînes. Ses yeux fous se fixèrent sur Sasha.

« Tuez-cet homme. Peu importe la méthode. »

Sasha trouva le moyen d'écarquiller les yeux.

« J'ai dû mal comprendre... »

Le capitaine ne se répéta pas. Il éclata de rire sans même répondre. Sasha insista.

« Vous vous foutez de moi ? Vous voulez juste que je vous distraie, c'est ça, enfoiré de sadique ? »

Finalement, le rire de monsieur Meister s'évanouit. Il ne devait plus trouver ça drôle. Tandis qu'il s'éloignait vers la sortie de la pièce, il lâcha d'un ton ennuyé :

« Écoutez, professeur. Vous êtes libre de faire ce qui vous chante. Mais soyez bien conscient d'une chose. Si nous ne tuez pas cette homme... »

Les chaînes qui entravaient l'homme en question tombèrent au sol. Dans la seconde qui suivit, il se jeta dans la direction de Sasha avec toute la force que ses jambes pouvaient lui procurer, en poussant un hurlement bestial.

« ...C'est lui qui vous tuera. »

La porte métallique se referma sur le capitaine au moment ou Sasha fut jeté au sol, criblé de coups. L'homme, sans cesser de hurler, le frappait avec une violence inhumaine. Sasha essayait de se protéger de ses bras, en vain. Sa faiblesse physique était encore aggravée par la fatigue et la douleur. Finalement, l'homme le saisit à la gorge et commença a l'étrangler. Sasha lutta pendant quelques secondes, en vain. Ses bras tombèrent au sol. Il allait mourir, ça ne faisait plus aucun doute.

Bang.

Un coup de feu retentit bruyamment dans la salle. Immédiatement, les mains qui enserraient le cou de Sasha le relâchèrent. Le corps de l'homme, la tête percée de part en part, s'écroula au sol.

C'était un soldat qui venait de tirer. La porte se rouvrit alors sur le capitaine Meister. Pour la première fois, il n'abordait plus son habituel sourire, et même si le reste de son expression était resté inchangé, la froideur de son visage le rendait presque effrayant.

« Vous me décevez, professeur. »

Il récompensa la performance de Sasha d'un violent coup de botte en plein nez. Celui-ci, indifférant à la douleur supplémentaire qui venait de s’additionner aux autres, laissa apparaître le rictus sadique du capitaine sur son visage.

« Vous pensiez vraiment que j'allais obéir à quelqu'un comme vous ? Allez vous faire foutre, Franz. »

Il se serait attendu à ce que le capitaine perde son sang-froid, mais au lieu de ça, il lui rendit un sourire plus large encore.

« Et pourtant, professeur Sorokin, je vous garantis que cette insoumission ne va pas durer. Inutile de le nier, ce n'est pas un pari que je prends. C'est une certitude que j'affirme. Mais en attendant... »

Il s'adressa au soldat le plus proche.

« ...Reconduisez le professeur à sa cellule. Et n'oubliez pas sa piqûre... »

Scène 3

Deux semaines s'écoulèrent.

Deux semaines durant lesquelles Sasha vécut avec la douleur, seul dans sa cellule. Plus aucun « marché » ne lui fut proposé.
Son corps s’accommodait quelque peu. Petit à petit, il parvint à manger et à boire en quantité raisonnable sans tout régurgiter, et a dormir quand son corps épuisé s'écroulait de fatigue.

Et finalement, à l'issue de ces deux semaines, même proposition, même pièce. Pas la même personne par contre, évidemment. Cette fois, c'était une femme qu'il fallait tuer.
Elle avait la même attitude que l'homme de la dernière fois : yeux fous, respiration lourde, tremblements intempestifs, et elle n'avait d'yeux que pour Sasha.

Le capitaine Meister semblait moins enthousiaste que d'habitude. Son habituel rictus n'éclairait pas son visage de glace. Il n'espérait probablement pas grand chose.

« Vous savez ce qu'il vous reste à faire, professeur Sorokin. »

Il ferma les yeux un instant. Puis, d'un ton sec qui n'avait rien à envier à celui de sa sœur, il ajouta :

« Que les choses soient claires. Ceci est votre deuxième et dernière chance. Mes subordonnés n'interviendront pas aujourd'hui. Si vous n'êtes pas capable de répondre à mes attentes, alors votre mort ne sera pas une grosse perte. »

Il quitta la salle sans un mot de plus. La femme en haillons fut détachée immédiatement et se jeta sur Sasha.

Celui-ci, bien plus en forme grâce à ses heures de sommeil de plus en plus prolongées et ses repas de plus en plus réguliers, et bien plus accommodé à la douleur qui ne cessait de le tirailler, était bien plus alerte que la dernière fois. Il parvint à esquiver quelque coups et même à en parer certains.
Pendant ces derniers jours, son accommodation à la douleur lui avait permis de réfléchir à propos de sa situation. Il s'était rendu compte qu'il ne pouvait pas se permettre de se laisser mourir comme il avait failli le faire lors de son dernier test. Aussi pénible que cela puisse paraître, il fallait mettre cette femme hors d'état de nuire.
Pas forcément besoin de la tuer pour ça, néanmoins.
Mais même simplement l’assommer était plus facile à dire qu'a faire. Car cette femme était une furie qui rouait de coups Sasha sans lui laisser aucun répit. Finalement, il réussit à contre-attaquer, lui plaçant un bon crochet du droit dans la tempe. Admirablement bien visé.

Et admirablement inutile.

La femme ne tituba même pas, elle continua à frapper, jusqu'à que Sasha finisse par perdre l’équilibre et tomber au sol. Elle lui sauta immédiatement dessus lui enserra le cou de toute ses forces. Il avait beau se débattre, ses efforts étaient vains. Il tenta de lui donner de nouveaux coups de poing, sans résultat. Entre deux grognements de douleur, il trouva encore la force de murmurer.

« Lâche-moi... »

Il la fixa, ses yeux emplis de rage et de détermination. Hors de question qu'elle le tue. Il mobilisa tout le souffle qui lui restait et ouvrit grand la bouche.

« LÂCHE-MOI, PUTAIN ! »

Et soudain, il put de nouveau respirer. Son assaillante venait d'être propulsée à toute vitesse contre le plafond, sur lequel elle s'écrasa dans un bruit distinct d'os brisés. Elle retomba ensuite au sol, près de dix mètres plus bas, ce qui dut lui casser encore quelques os supplémentaires. Elle essaya de se relever en tremblant, laissant échapper des râles de douleur, mais ses bras ne la portaient plus.
Sasha, lui, n'eut aucun mal à se remettre sur ses jambes, reprenant son souffle sans quitter son adversaire des yeux.
Soudain, un lent applaudissement retentit derrière lui, raisonnant dans la grande salle.
Le capitaine Meister avait retrouvé son sourire, et il n'avait jamais été aussi triomphal.

« Bravo ! Bravo ! Félicitations, professeur. C'était remarquable. Je ne m'attendais pas à ça de votre part, vraiment. »

Sasha tourna immédiatement son regard furieux vers le capitaine qui remis les mains derrière son dos. Il ajouta d'un ton aigre :

« Et maintenant, achevez-la. »

Sasha ne répondit pas, ne cessant de fixer les yeux glacés du capitaine d'un regard qui semblait prêt a consumer tout ce qu'il touchait. Le rictus de Franz Meister glissa lentement de son visage. Il se répéta d'une voix bien plus sèche.

« Tuez-la. »

Sasha n'avait plus envie de le provoquer d'un sourire. Ça ne l'amusait plus non plus.

« Je vous l'ai déjà dit. Allez vous faire foutre, Franz. »

Silence. Pendant une dizaine de secondes, le capitaine et le professeur continuèrent de se massacrer du regard.

« Très bien. »

Pour la première fois, le capitaine Meister sortit son revolver de son étui, l'arma et...

Bang.

La balle frôla la tête de Sasha avant d'atteindre celle de la femme derrière lui, qui tomba raide morte. Le capitaine arma son arme à nouveau et pointa la gueule du canon sur Sasha.

« Donnez-moi une seule raison de ne pas en faire de même avec vous. »

Pas de réponse. Pendant une seconde, Sasha pensa à écraser le corps du capitaine comme il l'avait inexplicablement fait avec cette femme. Il était certain de pouvoir y parvenir à nouveau. Mais il réalisa bien vite que ça n'arrangerait rien, car près d'une dizaine de soldats l'avaient encerclé, et il n'aurait même pas le temps de pulvériser le crâne de Meister qu'il finirait le corps criblé de balles.

« Attendez. »

Scène 4

Ce n'était pas Sasha qui venait de parler ainsi. Helena Meister émergea lentement de l'ombre derrière son frère, le visage grave. Tous les regards se tournèrent vers elle, y compris celui du capitaine.

« Je veux parler au professeur Sorokin en privé. Je pense que je saurai me montrer plus convaincante que vous, capitaine. »

Encore un moment de silence, puis finalement, Franz Meister baissa son arme.

« Soit. Mais c'est l'ultime chance que j'accorde au professeur Sorokin. Vu que vous semblez préoccupée par sa personne, tachez de vous montrer aussi convaincante que vous le prétendez. »

Sasha quitta la pièce à la suite d'Helena, sans accorder un regard au capitaine. Bien évidemment, les deux scientifiques étaient escortés par un groupe de six soldats, au cas où. Dans ce labo, le terme « Privé » n'existait plus vraiment.
Le bureau du professeur Meister était un véritable stéréotype de laboratoire contenu dans une unique pièce. Un fouillis chaotique, méticuleusement organisé, de papiers, de livres, de graphiques, d'appareils électroniques et de matériel de chimie. Cet endroit en disait bien plus long sur la personnalité d'Helena Meister que son attitude ne l'avait jamais fait transparaître.
Elle s'assit sur ce qui ressemblait à une chaise en cuir qui émergeait d'un amas de piles de papiers.

« Très bien, professeur Sorokin. Je suis disposée à répondre à toutes les questions que vous pouvez me poser, dans la mesure de mes connaissances. Que voulez-vous savoir ? »

Sasha, debout face à elle, resta abasourdi quelques secondes, avant de répondre d'une voix sarcastique.

« C'est tout ? J’espérais bien mieux, mademoiselle. »

Helena haussa les sourcils avant de continuer.

« Je ne peux rien vos proposer de plus. Alors, ça vous intéresse ou non ? »

Sasha n'eut pas à réfléchir longtemps. De toute façon, quoi qu'il en soit, ça n'allait pas contre son intérêt.

« Très bien, tout d'abord, je vais répéter une question que je vous ai déjà posée. Qu'est-ce que vous me voulez, au juste ? Pourquoi est-ce que vous n'arrêtez pas de m'injecter cette saloperie ? »

Le professeur resta silencieuse quelques secondes. Franz ne s'était pas montré approbateur quand cette question avait été posée la première fois. Malgré tout, elle n'hésita pas plus.

« Ce produit qu'on vous injecte, c'est vous qui l'avez mis au point, professeur Sorokin. Il sert à reprogrammer votre cerveau et votre système nerveux. Le processus est atrocement douloureux, malheureusement. Le but, à long terme, est de rendre votre Karnevale opérationnel, et si possible d'en améliorer les capacités. Si j'en crois ce qui s'est passé dans la salle de test il y a quelques minutes, cela fonctionne plutôt bien. Non ? »

Sasha fronça les sourcils. Il n'aimait pas trop la direction que cette conversation était en train de prendre.

« Effectivement, c'est la première fois que mon Karnevale faisait exactement ce que je voulais qu'il fasse. Et avec une telle puissance. Mais encore une fois, pourquoi ? Ça ne répond pas à ma question. Vous voulez vous servir de moi pour tester la viabilité de ce produit avant de l'utiliser sur les traqueurs de l'Empereur, c'est ça ? Je suis un rat de laboratoire ? »

Helena secoua la tête en signe de négation.

« En fait non, professeur Sorokin. L'Empereur ne souhaite pas « améliorer » ses traqueurs. Ils sont déjà tellement efficaces qu'il les considère comme une menace potentielle. Une trahison de tels individus pourrait lui coûter très cher. Pour lui, ils sont une meute de chiens sauvages : Parfaits pour chasser, mais toujours dangereux pour leur propriétaire. »

Elle marqua une brève pause, le temps de bien réfléchir à ce qu'elle était sur le point de dire.

« Ce que l'Empereur veut, ce sont des super-traqueurs. Plus puissants que les traqueurs ordinaires, plus fidèles aussi. Ce qu'il veut, à la place d'une meute de chiens sauvages, c'est une meute de loups en laisse. Un groupe capable d'annihiler tous les traqueurs originaux, si ceux-ci se révélaient dangereux. Et c'est précisément ce que nous sommes en train de créer, professeur Sorokin. Le capitaine Meister est chargé de s'assurer de deux choses : votre puissance... et votre aliénation. Car il n'y a rien de plus fidèle qu'un individu qui n'est plus capable de penser par lui-même. »

Sasha resta sans voix, le regard dans le vague pendant plusieurs dizaines de secondes. Le choc était dur à encaisser. Il ne s'attendait vraiment pas à une chose pareille. Finalement, il reprit d'une voix tremblante :

« Dans ce cas, pourquoi me dire tout ça ? Ça ne risque pas de compromettre votre petite... expérience ? »

Plutôt sûre d'elle pour une fois, le professeur répondit sèchement :

« Tout comme pour le capitaine Meister, cette aliénation est une certitude pour moi. Elle prendra sûrement longtemps, un ou deux ans peut-être, mais malheureusement, au terme de ce laps de temps, vous lui obéirez au doigt et à l’œil. Cela ne fait pas vraiment de doute. Il y a peu de choses auxquelles l'esprit humain peut résister bien longtemps, même un esprit aussi aiguisé que le votre, professeur. Et cette conversation n'y changera pas énormément de choses. »

Sasha tenta de garder son sang-froid et enchaîna immédiatement sur sa deuxième préoccupation.

« Et ma fille... qu'est-il arrivé à ma fille ? »

Helena sembla légèrement surprise par cette question.

« Votre fille ? Eleanor Sorokin ? Je me demandais si vous alliez l'évoquer un jour. »

Sasha ne chercha pas à cacher son dégoût.

« J'ai été enfermé pendant plus de deux semaines à vomir mes tripes et boyaux, à hurler et a convulser. Je n'avais plus le loisir de penser à quoi que ce soit. Mais ces derniers jours, ça va un peu mieux, et je vous rappelle que je suis enfermé dans la cellule où elle a vécu pendant des mois. Il m'aurait été difficile de ne pas m'en souvenir. »

Un éclair de compréhension passa furtivement dans les yeux du professeur.

« C'est donc pour cela que vous avez montré tant de détermination en salle de test aujourd'hui. Votre fille va bien, professeur Sorokin. Je me porte personnellement garante de son bien-être en votre absence. Elle est vivante et en bonne santé. À vrai dire, nous avons tenté de lui injecter de faibles doses d'une nouvelle version du produit que nous testons sur vous. Rassurez-vous, elle l'a très bien supporté. Le dosage et la nouvelle composition ne lui ont causé que quelques migraines passagères. Et ça fonctionne. Ses absences diminuent en fréquence et en durée. Elle se porte de mieux en mieux. »

Sasha était partagé entre l'indignation, due au fait qu'on puisse injecter un tel produit à sa fille, et le soulagement de savoir qu'elle était vivante et qu'elle se portait bien, et même de mieux en mieux. Néanmoins, son esprit était surtout en proie au doute.

« Pourquoi feriez vous ça ? Et comment savoir si vous me dites la vérité et pas simplement ce que je souhaite entendre ? »

Helena sembla de nouveau surprise, et même légèrement vexée par la question.

« Je fais cela parce que j'ai de l'estime pour vous, professeur Sorokin, parce que je ne souhaite pas détruire votre famille et parce que c'est ce pour quoi vous aviez effectué toutes ces recherches, à la base. Et ce serait une honte que de telles recherches ne se concrétisent pas. Quant aux preuves... »

Elle tendit la main vers une pile de papiers qui trônait sur son bureau, avant d'en sortir avec une rapidité et une précision exceptionnelle quelques photos, qu'elle tendit à Sasha.

« Les voilà. »

C'était des photos d'Eleanor. Elles étaient récentes, indubitablement, car Helena se trouvait à ses côtés. Eleanor semblait à l'aise, elle souriait même. Elle avait l'air d'aller parfaitement bien.
Devant de telles images, Sasha ne put retenir ses larmes.

« Est-ce que je peux... garder ces photos ? »

Silence. Puis pour la première fois, un léger sourire apparut sur le visage du professeur Meister.

« Vous pouvez. »

Scène 5

Deux jours plus tard.

Une fois de plus, le soldat chargé de l'injection journalière n'avait pas de seringue. Il accompagna Sasha jusqu'à la salle de test. Le capitaine n'avait pas attendu bien longtemps.
Celui-ci, le visage grave, attendait dans la salle. Il ne perdit pas son temps en palabres inutiles.

« Dernière chance, professeur. Si vous ne la saisissez pas, je me débarrasserai de vous si vous êtes toujours en vie et je passerai à un autre sujet de test. Rien ni personne ne vous sauvera la mise cette fois. J'espère avoir été clair.
»

Sans un mot de plus, il sortit de la salle.

Cette fois, Sasha ne se trouvait pas seulement face à un adversaire unique. Il y en avait trois d'un coup. Le capitaine devait vouloir s'assurer que son cobaye ne s'en sorte pas en vie si il n'avait pas la volonté de tuer. Un rictus de défi se dessina sur le visage de Sasha.

« Amenez-vous. »

Et quand le capitaine entra de nouveau dans la salle, il y avait matière a applaudir. C'était peut-être la première fois d'ailleurs qu'il montrait un sourire sincère.

« J'ai eu tort de douter de ma sœur, professeur Sorokin ! Magnifique, vraiment magnifique ! Jamais je n'aurais cru que vous vous débrouilleriez si bien, même en le voulant. L’Empereur sera satisfait de l'apprendre. »

Sasha se tenait au milieu de la salle, un sourire dément sur le visage, des taches de sang le couvrant de la tête aux pieds. Les cadavres démembrés et écrasés de ses trois adversaires étaient rependus un peu partout dans la salle, difficilement différentiables de vulgaires bouts de steak haché. Il demanda d'une voix forte et rauque, posant pour la première fois une question sérieuse au capitaine :

« Qui sont ces gens, au fait ? Je n'y ai jamais réfléchi jusqu'à présent, mais... »

Le capitaine Meister fut sans doute surpris pour la première fois. Le changement d'attitude de Sasha était radical. L'utilisation de son Karnevale devait avoir un quelconque effet psychologique sur lui. Il reprit néanmoins contenance.

« Oh, des rebelles, des opposants au pouvoir, des traîtres, ce genre de choses... Plus important, professeur Sorokin. »

Il sortit une main de derrière son dos, révélant une petite seringue que Sasha avait presque oubliée.

« Vous avez bien mérité votre récompense. »

Il confia l'objet à un soldat, qui alla immédiatement injecter son contenu au cou de Sasha.
La sensation était sans précédent. Après avoir vécu pendant deux semaines avec la douleur, ce répit provoquait une extase que même les plus puissantes drogues étaient incapables de procurer. Pour la première fois depuis longtemps, les muscles de Sasha se détendirent, sa voix se fit moins rauque, son visage se décrispa. Le capitaine n'avait pas terminé, toutefois.

« Par contre, je me dois de prendre une précaution supplémentaire à votre égard, dorénavant. »

Il fit un geste discret d'une main. Helena apparut, portant dans une main un grand anneau métallique chromé, à la coupe vaguement cylindrique, d'une vingtaine de centimètres de diamètre. Elle passa cet objet au cou de Sasha, et appuya sur le bouton d'une télécommande qu'elle gardait dans sa poche.
L'anneau se serra fermement autour du cou de Sasha, avant de le piquer a plusieurs endroits. Celui-ci ressentit un courant électrique, dont la sensation se dissipa bien vite. Helena n'attendit pas de question pour expliquer de quoi il s'agissait.

« Ce collier est basé sur la puce que vous avez conçue pour votre fille. Tant que vous le portez, il vous sera impossible d'utiliser votre Karnevale. On vous l'enlèvera simplement pour les tests. »

Indifférant à ce dispositif, Sasha fut raccompagné en cellule.

Scène 6

Deux ans plus tard.

Comme tous les mois, le capitaine Meister entra triomphalement dans la salle de test. Mais ce test là était encore plus particulier que les autres. C'était le test final, celui qui devait déterminer si son nouveau super-traqueur était capable d'être mis en service.

Sasha trônait au milieu de la salle, émergeant d'une pile de cadavres. Trente personnes, dont plusieurs Karnevaliens possédant des Karnevales actifs, avaient tenté de le tuer. Sans succès. Bien entendu Sasha n'était pas ressorti indemne de tous ces combats consécutifs, et son corps était parsemé de cicatrices. Certains de ses muscles et de ses os trop abîmés avaient du être remplacés par des répliques artificielles, mais globalement, il se portait bien.
Franz Meister applaudit franchement, son sourire plus large que jamais.

« Excellent travail, Sorokin. Jamais je n'ai été si satisfait de vos performances. Et il n'y a pas meilleur moment que la guerre à venir pour vous faire prendre du service. »

Car Sasha n'était plus professeur, désormais. L'intéressé gardait un visage impassible, et répondit d'une voix calme et claire.

« Je vous remercie, mon capitaine. »

Celui-ci se tourna vers les soldats présents.

« Bien, faites-lui son injection, et remettez-lui son collier. »

Sur ces mots, il quitta avec empressement la salle, sûrement impatient d'annoncer son succès à qui voulait bien l'entendre. Les soldats administrèrent à Sasha sa piqûre habituelle d'antalgique.
Après deux ans à vivre continuellement dans la douleur, l'esprit de Sasha avant changé. Sa perception de la douleur avait quasiment disparu, et ce qu'il ressentait ne l’empêchait plus le moins du monde de manger et de dormir, alors que d'autres auraient poussé des hurlements interminables, à s'en déchirer les cordes vocales.
Du coup, l'injection mensuelle ne faisait plus le même effet calmant sur Sasha. Au contraire, elle avait plutôt un effet euphorisant.
Alors qu'un autre soldat s'approchait pour rattacher le collier au cou de Sasha, le sol trembla avec une violence incroyable. Les lumières clignotèrent avant de passer au rouge, et une sirène retentit dans tout le laboratoire. Alerte rouge.
Les soldats, surpris, détournèrent leur attention de Sasha et regardèrent autour d'eux. Ce fut leur dernière erreur.
Leurs os se brisèrent, leurs membres se détachèrent spontanément de leur corps, un par un. Le bruit de l'alarme couvrait celui du massacre, c'est pourquoi personne ne fut apte à réagir à temps. Lorsque le dernier soldat se rendit compte qu'il se passait quelque chose d'étrange, sa tête se détachait déjà de son cou.
Un large rictus sadique s'étala sur la surface du visage de Sasha, découvrant jusqu'à ses gencives. Il passa sa langue sur ses lèvres avant de se diriger vers la sortie de la salle, piétinant les cadavres de ses anciens geôliers.
Alors qu'il marchait dans le couloir d'un pas assuré, tuant chaque soldat sur son chemin sans même s'arrêter, il croisa Helena Meister, qui se trouvait paniquée à la sortie de son bureau, se demandant à voix haute ce qui pouvait bien se passer. Quand elle aperçut Sasha, remarquant l'expression sur son visage et l'absence de son collier, elle eut le temps de pousser un petit cri avant d'être violemment plaquée contre un mur. Sasha approcha son visage à quelques centimètres du sien et hurla, plus par rage que par nécessité de couvrir le bruit de l'alarme.

« Ma fille ! Où est-elle !? »

Le professeur, les yeux emplis de terreur, les lèvres tremblantes, restait muet.

« RÉPONDEZ ! »

Elle finit finalement par parler, d'une petite voix tremblante que seul Sasha devait être en mesure d'entendre au milieu du chaos environnant.

« Je.. Je suis désolée je... Je n'en sais rien... »

Sasha, les yeux exorbités, les sourcils froncés à l'extrême, poussa un grognement. Il ne ressemblait plus à un être humain.

« Vous êtes la seule à le savoir ! Vous avez la charge de ma fille ! Vous me l'avez dit ! ALORS NE VOUS FOUTEZ PAS DE MOI ! »

Les tremblements de la jeune femme s'intensifièrent. Elle ne répondit rien. Sasha resta silencieux pendant quelques secondes, avant d'être saisi d'une vision d'horreur. Il murmura entre ses dents, tout près de l'oreille d'Helena :

« Vous m'avez menti... Vous n'en savez rien. Vous n'en avez jamais rien su. Vous m'avez manipulé. Vous m'avez fait croire que vous vous portiez garante de ma fille pour que je coopère. ESPÈCE DE SALOPE ! »

Les tremblements d'Eleanor s'intensifièrent.

« N-non... ce... ce n'est pas v- »

Mais Sasha n'écoutait pas.

« Est-ce que c'était vraiment elle sur ces photos ? Est-ce qu'elle est au moins encore vivante !? HEIN !? »

Elle ne pouvait même plus répliquer. Terrorisée, elle se contenta de trembler et de pousser des gémissements plaintifs sans rien dire. Des larmes montaient à ses yeux.

Un hurlement bestial retentit dans tout le laboratoire, couvrant le bruit de l'alarme. Franz Meister, qui se dirigeait vers la sortie accompagné de quelques soldats pour voir ce qui se passait, s'immobilisa brusquement avant de se retourner, inquiet. Il n'avait jamais entendu un tel bruit. Qu'est-ce que ça pouvait bien être ?
Le couloir face à lui plongeait dans l'obscurité une dizaine de mètres plus loin. Les rares lumières rouges qui l’éclairaient s'allumaient et s'éteignaient périodiquement. Rouge. Noir. Rouge. Noir. Il tendit l'oreille, pour essayer de discerner tout bruit inhabituel au milieu de la sirène et de la terre qui tremblait. Rien.
Le plus profond silence.

Scène 7

Rouge.
Une silhouette s'avance lentement depuis le bout du couloir.
Franz élève la voix, pour couvrir ces bruits qui n'existaient plus.

« Helena ! C'est toi !? »

Pas de réponse. La silhouette s'approche. Lentement. Franz la reconnaît. Lui et ses hommes lèvent leurs armes.

« Qu'est-ce que vous foutez ici, Sorokin ? Vous pensez profiter de la confusion pour vous échapper ? Vous me décevez beaucoup ! Arrêtez vous immédiatement ! »

Pas de réponse. La silhouette ignore les ordres. Elle continue d'avancer.

« FEU ! »

Un torrent de balles s'abat sur elle. Pendant une seconde. Deux. Trois consécutives.
Pas de réponse. La silhouette ignore même les tirs. Les balles qui était censées la transpercer se sont arrêtées net à quelques centimètres d'elle avant de tomber au sol.

Les soldats rechargent leurs armes. Du moins ils essayèrent, car inexplicablement, quelques secondes plus tard, ils n'étaient plus que des amas de chair inertes entassés sur le sol. Seul Franz est encore debout. Seul.

Sasha s'arrête. Il n'est plus qu'à quelques mètres de Franz. Autour d'eux, la terre tremble, le sol s'incline lentement. Quelques morceaux du plafond s’effondrent. Les murs s'écroulent. Le sol se fissure. L'alarme semble se faire plus forte. Même le rictus du capitaine semble légèrement vaciller.

« Qu'est-ce que vous voulez, Sorokin !? »

Sans répondre une fois de plus, Sasha jette aux pieds de Franz un gros objet qu'il tenait dans une de ses mains jusque là, et que le capitaine n'avait pas remarqué. La lumière vacille. Il n'arrive pas à savoir de quoi il s'agit.
Rouge.
Le rictus s'évanouit. Se transforme en une expression horrifiée.
Un câble électrique se rompt près d'eux. L'alarme s'éteint.
Pour la première fois, le capitaine de glace perd son sang-froid.

« Espèce de... ESPÈCE DE MONSTRE !! »

Il dégaine son revolver et tire frénétiquement. Bang, bang, bang, bang, bang, bang, clic.
Les balles inutiles tombent au sol.

« Vous devriez être fier. »

Franz sursaute. C'est la silhouette qui vient de parler.

« Vous devriez être fier. »

Répète t-elle.

« C'est exactement ce que vous vouliez créer, non ? »

Elle écarte soudain les bras. Franz sursaute encore. Mais non. La silhouette ne fait qu'applaudir très lentement. Clap... clap... clap...

« Magnifique... Vraiment magnifique, capitaine Meister... L'empereur sera ravi de l'apprendre. N'est-ce pas ? »

Et soudain, le plafond s'écroule sur le capitaine. Seulement sur lui. Comme si une force invisible l'avait voulu.
C'était peut-être le cas.
Mais le capitaine n'est pas écrasé. Il est toujours en vie, couché au sol, incapable de bouger, sous un tas de gravats. Sasha s'approche de lui et ramasse la tête décapitée d'Helena Meister au sol avant de la poser avec une grande délicatesse devant le visage immobilisé de son frère.

« Contemplez les fruits de votre réussite, capitaine. »

Le visage de Franz Meister tremble. Il se brise. Il fond.

« Je vous rend tout ce que vous m'avez pris, capitaine Meister. Votre famille... »

La silhouette enjambe le corps immobilisé du capitaine.

« Vos espoirs... »

Elle se dirige vers la sortie.

« Votre liberté... »

Elle ouvre la porte.

« ...et votre Vie. »

Et la porte se referme sur Elle.

Sasha ne peut déjà plus entendre les hurlements et les pleurs de Franz Meister, autrefois capitaine, aujourd'hui simple homme. Il a d'autres préoccupations, de toute façon.
Pour la première fois, il revoit le ciel. Mais ce ciel n'est pas le ciel bleu et paradisiaque dont il avait rêvé depuis des années. Il est rouge, c'est un brasier qui avale des torrents de fumée noire et qui recrache des éclairs. Sasha soupire.

« Je rentre chez moi après deux ans d'absence, et la maison est en feu... »

Inutile de s'attarder. Le sol est bancal. Le ciel semble s'éloigner. La ville s'effondre et se consume. Alzen est en train de tomber.
Même une bête aurait pu le deviner.

Alors la bête court. De toutes ses forces. Jusqu'au bord d'Alzen. De là, elle voit la forêt d'Orphée, dont les arbres éclairés par la lumière orangée du brasier apparaissent comme un champ de pics ensanglantés et menaçants. Peu importe.

Elle saute.

FIN DE L'ACTE II


Epilogue

La première chose dont je me souviens à mon réveil, ce sont les arbres au dessus de moi. J'avais fait une sale chute qui m'avait assommé, mais je pense que j'ai réussi à m'en sortir en compensant avec mon Karnevale. Quoi qu'il en soit, je me redressai, et je vis, face à moi, une énorme clairière. Qui n'était pas là auparavant.
Les pitoyables ruines d'Alzen trônaient majestueusement au milieu du cratère qu'elles avaient creusé dans la forêt d'Orphée. Elles fumaient encore. Dès que je posai les yeux dessus, je pensai immédiatement à ma fille. Elle était là-dedans. J'en étais persuadé. Il fallait que je la sorte de là. Que je la sauve.
J'avançais au milieu des gravats et de la poussière, essayant en vain de reconnaître les quartiers défigurés. Je crois que je suis arrivé à trouver les décombres de ce qui était autrefois ma maison par hasard. Mais était-ce même vraiment ma maison ?
Je creusais a mains nues, dégageant les pans de murs et les morceaux de toit en haletant et en toussant. Je criais le nom de ma fille sans grande conviction.

« Il n'y a personne ici. »

Je levai les yeux en direction de la voix féminine qui venait de percer le silence de mort.

« Personne d'autre que toi et moi. »

C'était une jeune fille que je voyais mal. Elle était assise au sommet d'un monticule de décombres comme si il s'agissait d'un trône. Derrière elle, au loin, à la silhouette assombrie par la poussière, se dressait le squelette d'acier de la tour du savoir, bancal et dépecé de toutes ses vitres. Il ne scintillait plus comme avant.

Cette jeune fille, c'était Valentina Vallone. Patronne de ma nouvelle famille.
Elle m'a révélé plus tard que la chute d'Alzen, que la destruction de tout ce que j'avais chéri, était l’œuvre d'une guerre entre les Karnevaliens et les Impériaux. Une guerre qui ne concernait pas les victimes mortes inutilement ici. Moi compris.

Au sein de l'ARK, j'ai reçu une nouvelle peau, sous la forme d'un masque, d'une cagoule et d'un épais manteau. Ma véritable peau, parsemée de brûlures et de cicatrices, je ne voulais plus la voir. Et je ne voulais plus voir mon propre reflet.
Je n'existais plus.

Mais contrairement à ce que j'ai cru, tout n'était pas perdu. Au sein de cette famille, je me suis donné de nouveaux buts. Retrouver ma fille si c'était possible, et détruire cette colonie de parasites qui avaient pris la vie d'innocents pour servir leur « cause ». Je provoquerai leur perte à tous, même a ceux qui n'y ont pas pris part. Ce n'est que justice.

Même si j'avais perdu ma fille, je rencontrai Elizabeth. Une petite fille, elle aussi, tout comme Eleanor, prisonnière d'un destin qu'elle n'avait pas choisi. Elle lui ressemblait tellement.
Tout comme j'avais juré de sauver ma fille, j'ai juré de la sauver elle.

Et même si j'avais perdu ma fille, je donnai naissance à Ashley... En quelque sorte. C'est vrai qu'à l'époque les blagues on fusé vis à vis de mon apparence et de sa nature robotique. Mais bon. J'ai refusé de la laisser mourir quand on l'a considérée comme inutile, et je lui ai donné la chance de vivre une véritable vie.

Voilà tout ce que je possède maintenant. Voilà ce que je suis aujourd'hui.

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Ashley Archval
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NOUVELLE ALZEN

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Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] Vide
MessageSujet: Re: Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!]   Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] EmptyLun 14 Mai - 21:00

Bonsoir !

Ayant déjà eu le plaisir de lire ta fiche (c'est pour ça que je valide vite, je précise, j'ai pas lu en trente secondes) et de t'accompagner dans sa rédaction, je n'ai rien à y redire, à part que sa lecture est vraiment plaisante !

De ce fait, je te valide avec grand plaisir ! Je te souhaite donc bienvenue et j'espère que tu te plairas ici !

Je ne peux que vous inviter à lire sa fiche malgré sa longueur, c'est vraiment très agréable (oui bon ok, ça fait peur mais franchement allez-y quoi).

Voilà, voilà ♥ !
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MessageSujet: Re: Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!]   Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!] Empty

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Sasha Sorokin - [Eh bah, enfin!]

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